La Revue du Cinema (1947)

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Gosses de Russie AU LOIN. UNE \'OILE... Réalisation de \'ladimir Legochine. Scénario et dialogue de Valentin Kataev et ^'. Legochine, d'après une nouvelle de \'. Kataev. Photographie : Boris ^lonastirsky. Décors : B. Kaplouno\sky et G. Kouznetzo\'. Musique : M. Rauchverger. (Prod. Mosfilm, U. R. S. S. i 937.1 On ne saurait comparer ce film au Cuirassé Potcmkine, quoiqu'il en constitue dans le temps ime sorte d'épilogue. Mais si les faits qu'il relate sont immédiatement postérieurs à la révolte chantée par Eisenstein, le ton en est radicalement différent. L'action se déroule en octobre 1905, à Odessa, et l'un des personnages essentiels est bien tm mutiné du Potemkine, quiessaie d'échapper à la police tzariste. On assiste bien à des batailles de rues et de toits. Cependant, le sujet profond est moins l'action révolutionnaire cjue la vie de deux enfants et leur comportement devant ces événements qui les dépassent. C'est pourquoi on pense plutôt à l'admirable Eniance de Gorki qu'il annonçait (car ce film date de dix ans) par sa poésie et son émotion. Le point de vue principal est celui de l'enfant sage, du petit bourgeois en somme qui, douze ans plus tard, on le devine, pourra fournir aux cadres révolutionnaires un fort bon intellectuel. Le scénario que Valentin Kataev a tiré de son propre roman comporte assurément une large part d'autobiographie, sinon dans l'intrigue, du moins dans l'esprit. Car Kataev vivait à Odessa en 1905. Comme le petit Petia, il était fils d'instituteur et avait alors neuf ans. La naïveté, la simplicité, la sensibilité de ce jeune héros est donc d'abord la sienne, et ce poème de Lermontov Beldet Parons odinoky (La voile blanche et solitaire) semble bien avoir été lié pour lui à ses souvenirs d'enfance. Si cette histoire entre dans la catégorie que Duhamel appelle « mémoires imaginaires Kataev a donc greffé sur son enfance réelle des développements fictifs pour recréer le réel ■ et substituer à la vérité historique une <<■ vérité légendaire . L'autre enfant, Gavrik, est un petit prolétaire aux pieds nus, à la tignasse dépeignée. C'est le fils d'un vieux pêcheur, et c'est par lui que Petia sera introduit à cette vie si différente de la sienne, à ce qu'on peut appeler, pour rester dans le ton, « la réalité prolétarienne Par Gavrik, dont le frère est im révolutionnaire, Petia retrouvera le marin poursuivi, participera aux combats en portant des cartouches dans sa gibecière. Mais surtout : il sera initié au « jeu des boutons Comme dans le Gorki de Donskoï, le film commence sur un bateau, un bateau à roues. Voici, parmi les blanches ombrelles, les moustaches en croc, les foulards bariolés, les barbes au vent, voici le fin visage de Petia, tendu, animé, enivré par le départ. On doit accoster à nouveau pour charger un fort vilain monsieur, le canotier calé sur une répugnante calvitie, la moustache hirsute, col dur et veste molle. C'est un mouchard (disons plus bref : une mouche) qui ressemble fort au sale type d'Éiuile et les détectives. Sur lui se concentreront tous les péchés d'Israël : Petia l'a bien reconnu, c'est l'incarnation du Mal. L'aventure entre dans le récit — et dans la vie de Petia — alors (jue celui-ci, en costume marin, récite : « La voile blanchit, solitaire, dans la brume bleutée de la mer... Que va-t-elle chercher au loin? Que laisse-t-elle en son pays?... » Le petit frère saute dans la cabine en battant des mains. Papa découpe un melon. C'est alors que le fuyard \ ient se cacher sous la bancjuette. 66