La Revue du Cinema (1947)

Toujours curieux, le nez en l'air, le chapeau de soleil basculé sur la nuque, Petia suivra sur le pont les péripéties de la poursuite, entre un orchestre d'hommes noirs, des paniers de légumes, des paquets de cordages. Sa silhouette de page reparaît, après l'évasion du marin, sur le marché où l'on vient de faire connaissance a\ec le petit Gavrik, aux prises avec une huileuse marchande de poissons. Les deux frimousses s'opposent sans peine : la mine délurée et la désinvolte assurance du petit pêcheur se remarquent surtout auprès de la réserve un peu mièvre de l'enfant sage, lorsqu'il apparaît sanglé dans son uniforme à doubles rangées de boutons. Les boutons ! C'est pour eux la grande affaire et, à ce jeu, Petia perd toutes les dorures de sa redingote de collégien. La scène du marché est délicieuse ; dans l'animation de ses éventaires, la musique des baraques, les cris des marchands, c'est gavroche (diminutif slave : gavrik) qui mène le jeu. Il est dans son élément. Un doigt sous le nez, une chiquenaude à la courte visière de sa casquette pour fourrager d'un air réfléchi dans sa crinière blonde, il écrase son camarade par sa jeune expérience et sa précoce autorité. Gavrik aura de nouveau cette nuit l'occasion de se retremper le caractère : la soldatesque vient chercher dans la cabane de son grand-père les rebelles qui s'échappent par des souterrains. Puis le i8 octobre, une feinte amnistie fait rebondir la révolte. Gavrik vient siffler sous les fenêtres de son ami. Nouvel appel de l'aventure. Entre des grilles, derrière une carriole, le V'l.\dimir Legochine, Au loin, une voile... : Gavnk, gavroche slave (Igor Butt). 67