La Revue du Cinema (1947)

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Avant de commencer son travail, Castellani se soumit à une étude consciencieuse de tous les milieux qu'il décrivait. Il fréquenta par exemple tous les apprentis boxeurs de Rome, explora tous les petits cafés de Saint-Jean de Latran. Alors qu'il héiitait devant l'eau fangeuse du « bain amer », il s'y vit précipiter par un des garnements de son histoire. Pour interpréter ses héros, il ne prit point d'acteurs. Non pas, me disait-il, par théorie, mais parce que les adolescents qu'il voulait décrire ne ressemblent pas à ceux qui fréquentent les écoles à vedettes. Il les trouva dans la rue : il proposa à un bagnino (garçon de cabines sur une plage) le rôle de Ciro. Un petit poitino quitta pour deux mois son métier de facteur pour incarner Geppa, l'enfant poète. Ayant repris ses tournées, il écrit maintenant sur les lettres qu'il distribue « Vive le soleil de Rome !... » La jeune Iris était ouvrière dans une bonneterie. Le père et la mère du film sont ceux même s de celui qui fournit le modèle : l'assistant. « Vous m'amenez ici pour faire tout juste ce que je fais à la maison », s'étonnait la brave dame. Bien entendu, on tourna dans un appartement du quartier de Saint-Jean de Latran, exigu comme l'exigeait la vraisemblance. Castellani dut faire des prodiges pour manier sa grosse Debrie dans l'escalier et il travailla de son mieux avec un petit chariot. Il « emménagea » sur ce plateau improvisé avec une provision de longs clous. Pour chaque séquence, il en sortait quatre : " Collez-moi un projecteur ici, et au travail ! » Lattuada me contait le cauchemar du Luna-Park de Livourne, où il ne put obtenir pour Sans pitié la location de la foire pour une soirée et oii il dut tourner parmi le vrai public qui s'agglutinait sur ses épaules, parmi des i vrognes qui sautaient brusquement dans le champ. Castellani, lui, employa deu.x subterfuges : la fausse caméra pour déplacer l'attention et deux boxeurs professionnels qu'il louait à l'heure pour qu'ils aillent se battre un peu plus loin. De quoi se composent ces u années d'apprentissage » de Ciro? Après les jeux plus ou moins innocents dans le Colisée considéré comme terrain vague, la baignade dans le ruisseau sale, la resquille chez le chausseur et dans le tram, il sera mûr, comme ses coéquipiers, pour un jeu plus contemporain ; le gangstérisme amateur. Comment ne pas jouer, « pour de vrai », aux gendarmes et aux voleurs lorsque le marché noii fournit des enjeux fort tentants? De cette chevalerie d'un nouveau genre, Castellani me donnait une illustration charmante, à propos d'une tentative d'enlèvement d'une malle de dix-huit millions par déjeunes apprentis-casseurs chez un vieil impotent, dont le fauteuil à roulettes était défendu par la pétoire d'un antique valet de chambre. (Ils ont du reste abandonné leur lourd trésor dans l'escalier, ne pouvant se résoudre à n'emporter que quelques millions : tout ou rien.) Ce qui avait tenté le jeune chef de bande, c'était moins les millions que le romantisme de la « descente » et surtout ce geste : saisir le pistolet et le retourner comme dans les westerns en criant : Haut les pattes ! « C'était ça le plus dur, expliquait-il, mais je m'étais entraîné trois jours devant la glace. » Ciro et ses camarades vivaient naturellement leur rôle, sur ce plan du sourcil levé et du poignet remontant la ceinture. La drôlerie vient du côté charmant de tous les détails observés. ]\Iais, sans qu'il fut besoin de leur indiquer les jeux de scène, les garçons trouvaient d'euxmêmes, le geste juste, le clin d'œil cocasse, pour enlever un brin de paille, écarter un rideau de perles, s'accouder à un comptoir. Lorsqu'ils fuient devant les gendarmes ou le marchand de chaussures, ils sont une fois de plus « coursés ». La densité de la séance de boxe vient du montage, mais aussi de leur < allant » ('cur excitation à travers le soupirail ou pour encourager le champion qui perd 70