La Revue du Cinema (1947)

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image quasi mythique d'un auteur fantôme, dont la Révolte des pendus m'avait tant ému naguère. UN NOM A RETENIR : JOHN HUSTON. De Huston, le réalisateur, nous avons eu l'occasion de voir un film confidentiel réalisé au cours de la guerre dans un hôpital psychiatrique où l'on rééduquait des soldats dont le cerveau avait été déséquilibré au champ d'honneur. C'est bien un des plus curieux documents humains qu'il m'ait été donné de voir, où de véritables « ciné-yeux » enregistraient le tréfonds de l'atome humain, dissimulés dans les parois de cet asile tapissé de caméras invisibles. Par un montage habile de ce matériau psychique unique, John Huston reconstituait l'évolution de plusieurs malades, le traitement p'^ychanalytique avec interrogatoires serré i et guérisons à la clé. « Lève-toi et marche. « Et les paralytiques volaient... Par ailleurs, John Huston vient de tourner un film de gangsters : Key Largo, dont E. G. Robinson, son principal interprète, dit le plus grand bien. John H-iston est le fils de l'excelknt acteur de théâtre et de cinéma Waltor Huston. Il commença par faire de la boxe, devint ensuite écrivain, tourna comme acteur avec Wyler, partit pour l'Europe, revint, fit ses premières armes de scénariste avec Le Mystérieux Docteur Clitterhouse en 1938, collabora l'année suivante à Juarez. Puis, apris avo'r écrit pour Bogart le scénario de H^gh Sierra (La Grand' év.ision), il dev nt me!:teur en sc'^ne avec Le Faucon maltais qu'il adapta de Dashiell Hammett et tourna en 1941. En 1942, il donne avec In This Our Life (George Brcnt, Bette Davis, O ivia de Havilland) une œuvre remarquable et reprit Humphrey Bogart pour son film de guerre Across the Pacific (Grijjes jaunes). LE GRANIT BOGARTIEN. Comme Claude Monet repeignant inlassablement ses nymphéas, il remet encore ici « sur le motif «, dans Le Trésor de la Sierra M adre, son sujet de prédilection. Ou plutôt c'est le sculpteur qui pétrit cent fois le même visage dans la glaise. II œuvre sur le grain de la peau, donne un coup de pouce sur le sourcil, creuse un ourlet d'oreille, approfondit dans les joues les sillons verticaux et donne à la lèvre un pli plus amer. Il modèle et remodèle sans cesse cette tête butée qui, on le sent, offre une résistance au travail de l'artiste. Et parfois ce n'est plus du modelage, mais de la taille directe. John Huston attaque la pierre, ce granit bogartien, il recouvre son modèle d'un enduit d'ombre qu'il décape, par zones, sous les projecteurs. On voit voler parfois de petits éclats de lumière, surtout de la gargouille qu'il fait sortir de la nuit. La ganache (au sens italien de mâchoire) de Humphrey Bogart est ici exploitée au maximum, ainsi que son sourire hideux qui lui fait découvrir ses babines en remontant la lèvre supérieure recouverte ici de poils rudes. Les fortes expressions s'impriment par les rides transversales d'un front très accidenté, l'éventail des pattes d'oie sur une peau recuite, et surtout, verticalement, par les grands canyons qui descendent de l'oreille au menton, et tombent sur la lippe évasée de la lèvre inférieure. A noter également sa faculté (le faire peser sur les paupières ravagées un globe oculaire qui coule sur des chairs distendues, et la façon qu'il a de crocheter les dents sur un côté pour rendre sardoni(]ue son rictus oblicjue. MISÈRE A TAMPICO. Voilà donc notre Humphrey Bogart buriné dans de beaux noirs, les traits mangés par une barbe hirsute qui remonte jusqu'aux paupières, larges poches gonflées de fatigue. C'est un clochard nommé Dobbs, en rade à Tampico, qui traîne la savate dans un Mexique décevant. Le dos voûté, serrant un paquet dans un journal, tout son 73