La Revue du Cinema (1947)

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scène? Les deux à la fois. Vivent les écrivains complets !) Donc, le vieil Howard a expliqué posément qu'on ne s'embarque pas sans biscuit et que la préparation de l'expédition nécessite des fonds importants pour le voyage, l'outillage, les provisions. Le billet de loterie est donc la solution la plus banale. Mais on sait nous présenter la chose : une aumône honorable permet à Dobbs d'aller chez le coiffeur. Nous l'en voyons sortir, la face poudrée, l 'S cheveux coupés au bol, clownesque. Il peut se payer le restaurant et c'est à la terrasse qu'il est assailli par un petit vendeur qui tourne autour de sa table, infatigable. Après lui avoir lancé un verre d'eau, il est obligé de s'en débarrasser en prenant sur sa monnaie le prix d'un « dixième ». Le passage est par lui-même rendu vivant, réel. Et que de fois au cours du récit, un rebondissement trop providentiel de l'action, un raccourci qui pourrait être mélodramatique, sont ainsi sauvés par la finesse de l'observation, la simplicité des acteurs, l'habileté des enchaînements. Non que nous soyons emportés par un rythme trépidant de western. On peut parler d'une sorte d'intimisme de l'aventure en ce sens que chaque tournant du récit nous est bien indiqué psychologiquement et que John Huston veut avant tout que nous croyions que les choses devaient se passer ainsi, que les personnages sont nécessités par les conditions et par leur caractère. C'est ce qui donne à son film son « épaisseur » et on ne saurait lui reprocher d'être lent. Pas un instant nous n'avons l'impression de quelque chose de trop, et chaque scène est en ellemême assez courte, oui, mais elle est fouillée et Huston y insère le maximum d'éléments intérieurs, là où le critère est d'ordinaire une sereine extériorité et où chaque personnage est interchangeable. (De même Wyler nous présentait dans The Westerner un vieux fou passionné pour les actrices, décrivant avec des traits savoureux un « personnage de roman ».) Deux autres é'éments renforcent cette impression de densité : c'est la composition des images, où rien n'est laissé au hasard, et leur beauté plastique, éléments que nous étudions plus loin. L.\ FIÈVRE DE I.'OR, RESSORT DRAM.\TIOUE. Les voilà donc en quête de bourricots, parmi les parasols carrés d'un marché de village. Quelques plans suffisent pour nous restituer l'atmosphère, et nous indiquer le rôle que va jouer l'élément « indigène » comme fond de tableau. Le vieux se révèle dans la course au filon un de ces philosophes durs-à-cuire comme on en trouve chez Shakespeare, au triomphe faussement modeste, économes de paroles, bourrus, sarcastiques, fixés depuis belle lurette sur les aboutissants de toutes les activités humaines. Avant de danser sur l'endroit propice à la prospection, qu'il vient de découvrir, il s'en prend à ces « gamins » fatigués avant de commencer et, lorsqu'ils s'épuiseront tous trois à l'installation du placer, il aura beau jeu pour ironiser sur leurs illusions : ah, ils croyaient sans doute qu'il suffisait de se baisser pour ramasser les lingots et les brouetter jusqu'au guichet de la banque la plus proche ! Dès les premières pesées de la fine poudre d'or sur une balance de branchages improvisée, la question du partage se pose et, dès que chacun possède une pincée d'or à lui, naît cette hypertrophie de l'instinct de propriété, cette soif de possession qui sera en filigrane dans toutes les scènes à venir. Cette fièvre de l'or constituera le ressort dramatique de l'action dans ce film qui s'est privé du ressort érotique contrairement à la loi du genre. La fièvre de l'or, c'est surtout pour nous le grand ru'^h d'il y a exactement cent ans vers San Francisco. C'est la folie 75