La Revue du Cinema (1947)

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doivent en avoir l'apparence tout en autorisant la plus grande diversité, que ce soit celui de la putain ou celui du comique dont les Américains ont su nous donner de si nombreuses et si vigoureuses expressions. Si l'on veut bien considérer le cinéma comme un œil indiscret qui rôde à l'entour de l'homme, saisissant ses attitudes, ses gestes, ses émotions, il faut admettre que le vêtement est bien ce qui est le plus proche de l'individu, ce qui, épousant sa forme, l'em.bellit, ou au moins le distingue, et confirme sa personnalité. A l'inverse du théâtre où le corps de l'acteur ne compte qu'en tant que masse, dans l'art cinématographique, c'est le corps, le visage que cerne l'écran et vers lesquels, tel un microscope, se penche, de plus en plus près, l'objectif. Lorsque déjà le décor architectural s'est évanoui dans « les coulisses du vide «, c'est bien le décor humain, cent fois grossi, qui règne sur la toile découvrant irréparablement ses imperfections de photogénie et d'exécution. On peut facilement imaginer un film sans décors — navires, mer, ciel, surfaces planes — tandis qu'il n'est guère aisé de concevoir une production sans costumes à moins qu'elle ne nous dépeigne les joies édéniques. Transposition Le créateur de ce décor a donc un rôle plus complexe que celui d'un modé de la mode liste de haute couture ou d'un décorateur de théâtre. Il doit allier les qualités requises chez l'im et chez l'autre tout en y ajoutant une connaissance aussi aiguë que possible des exigences de la photogénie. En effet, il lui faut, comme le couturier, créer « la mode », mais si cette mode cinématographique peut emprunter sa ligne générale à la mode de la haute couture, elle doit en bannir toute caractéristique qui risque de la faire dater. N'oublions pas qu'entre le moment de la réalisation d'un film et sa sortie devant le public, il s'écoule un minimum de six mois, et souvent beaucoup plus lorsqu'il s'agit de grandes productions; aussi bien, la mode étant par essence passagère et actuelle, le film peut sembler démodé lorsqu'il est présenté. La mode cinématographique doit donc être une stylisation, une transposition de la mode. Il n'y a pas d'épreuve plus pénible qu'ait à affronter le modèle à succès d'une brillante collection que celle que lui fait subir l'objectif; et c'est presque toujours, pour le couturier, une grande déception que de voir une de ses créations aux actualités. Il ne reste rien ou presque de ce qui en faisait l'élégance ou le chic, et ce chef-d'œuvre de couture qui a vu le jour avenue ^Matignon semble né entre Blanche et Pigalle. Il y manque ces proportions, ces volumes, ces rapports de valeurs et de matières (pour ne parler que du film en noir et blanc : le problème devenant considérablement plus compliqué lorsqu'il s'agit du cinéma en couleur) que demande l'œil mécanique. Arcanes de la photogénie que seule une longue expérience permet de percer. De plus, dans la vie, une robe est conçue pour être vue à hauteur d'homme. Il n'en est pas de même à l'écran où l'appareil peut se trouver, pour des raisons d'expression, placé à des niveaux très variables. Le point de vue de l'oiseau comme celui du chien doit donc être envisagé. Si la mode actuelle exige cette transposition, il en est de même de celle des années qui nous ont précédés. Le dessinateur de costume doit connaîtie l'évolution de ces modes et savoir en choisir, dans une même époque, les formes les plus aptes à la photogénie; mais, tandis que le décorateur théâtral traitera ses modes décorativement et picturalement, il devra au contraire, pour obtenir cette vérité que réclame l'objectif, rechercher le fini de l'époque, les détails de coupe, d'ornementation qui en sont la caractéristique. 4