La Revue du Cinema (1947)

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utilise une minute sur quinze environ : elle n'intervient pas dans le contenu même de la transmission artistique et offre au réalisateur l'avantage de disposer de fonds presque illimités, fonds qu'il ne pourrait jamais obtenir si les spectacles étaient payés par les contributions directes et indirectes des spectateurs. N'oublions pas qu'un téléfilm sera projeté une ou deux fois, trois au m.aximum. Traduisons cela en termes de production cinématographique no Tnale ; comment im réalisateur pourrait-il obtenir aujourd'hui une trentaine de millions de francs pour ime seule projection? Mais cessons ces réflexions d'ordre pratique et revenons à la question plus académique du langage télécinématographique. Comme nous l'avons dit, ce sont des raisons d'ordre matériel et l'attitude psychologique du spectateur qui vont éventuellement transformer la svntaxe du cinéma télé\àsé. N'ayant pas, dans cet essai, à traiter de la technique de la transmission des images à la télévision, nous admettrons que la qualité de la projection est parfaite sur l'écran de l'appareil récepteur et que l'image est toujours au point et bien cadrée, en constant sj'nchronisme avec un son net. Ne serait-il pas inadmissible, au reste, qu'une expression artistique soit influencée par d'éventuelles défectuosités mécaniques. En revanche, on s'aperçoit tout de suite à l'expérience qu'un fait matériel comme les dimenfions assez réduites de l'écran de réception aura une répercussion décisive sur l'attitude psychologique du spectateur. Les réactions de celui-ci n'étant plus les mêmes qje devant le grand écran de la salle obscure, il faudra forcément changer la présentation, donc la s\Titaxe et le style de ce qu'on lui montrera. Considérons un instant ce spécimen nouveau de l'espèce humaine, différent de 1'" usager » habituel de la salle de spectacle : le spectateur qui assiste aux jeux olympiques, k un opéra de ^'erdi ou à un film de Ford sans quitter son fauteuil ou son lit... Le spectateur de cinéma entre dans une salle pour voir un film construit selon les règles élémentaires de la dramaturgie cinématographique; il est guidé par un découpage ingénieux du récit et dominé par une mise en scène et un montage, optiques et acoustiques, minutieusement réglés. Il n'a pas la possibilité, comme au théâtre, de regarder par exemple tel ou tel acteur à son gré, les e.xaminant soit ensemble, soit « panoramiquant » de l'un vers l'autre si ça lui plaît et quand ça lui plaît. Il faut qu'il les regarde quand le réalisateur le veut et lui montre le plan nécessaire; c'est le réalisateur qui «panoramique» pour le spectateur et qui reste à tout moment seul maître et juge de ce qu'il faut voir et ne pas voir. Ainsi soumis à la dictature que le réalisateur exerce sur son esprit, le spectateur est, même physiquement, amené à fournir le maximum de concentration ; cir il est assis dans la salle obscure, n'ayant rien d'autre à faire que de regarder l'énorme toile blanche tendue devant lui. Sa position est réglée de telle façon, que son œil ne peut que difficilement s'égarer hors de l'écran dont les dimensions sont également calculées pour remplir entièrement le champ de sa vision. L'obscurité de la salle est telle qu'aucun objet n'est visible sans effort en dehors des ravons de la projection. Le volume de son provenant des haut-parleurs est réglé de manière à parvenir jusqu'au dernier rang des fauteuils. Et c'est ainsi que le spectateur, venu au spectacle de sa propre volonté et par ses propres moyens, est enchaîné dans une position presque aussi obligatoire que celle du malade 125