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La Revue du Cinema (1948)

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Plus les possibilités d'identification se développeront, et plus le film en viendra à parler uniquement au sentiment, au lieu de s'adresser à un esprit capable de réfléchir. Il risque donc de devenir un véhicule de plus en plus chargé de toute espèce de propagande. Éx^idemment, cela peut avoir du bon dans certains cas : un film où l'on divulgue des conditions de vie indignes peut susciter un courant d'opinion qui provoquera un heureux changement. Mais, par son expression même, il réveillera toujours chez l'homme, dans ces conditions, les instincts les plus agressifs. Aussi, cette forme de propagande est-elle toujours trop facile à utiliser pour des buts médiocres, bas ou même destructifs. En revanche, s'il ne traite pas des événements actuels, s'il ne fait pas d'allusions aux passions politiques ou sociales mais offre un tableau plus ou moins romanesque de la \-ie quotidienne où le spectateur trouve toute la paix, l'harmonie, le bonheur et la joie qu'il peut avoir, un film peut être également néfaste; car il tend à procurer une évasion de plus en plus complète hors de la réalité, ou un passe-temps de plus en plus lénifiant. Fuir la réalité, c'est rêver d'un monde supposé meilleur, plus heureux, plus harmonieux, plus satisfaisant; c'est se plonger dans une existence irréelle; c'est fermer les yeux devant un état de choses dont on se lasse de plus en plus, en trouvant de moins en moins la volonté d'améliorer la nature et le sort de l'homme. Cette rêverie déforme la xision des choses telles qu'elles sont; elle empêche les gens d'accepter leur existence et de se forger une vie personnelle avec leurs dons propres. Et qu'est-ce qu'un passe-temps, sinon un moyen de tuer un morceau de temps pour raccourcir la vie consciente, insensiblement, et non seulement sans douleur mais de la façon la plus agréable possible (i), selon un penchant morbide, peut-être. \o'ûk ce que contient le film, moyen chaque année plus puissant pour le spectateur de vivre des \'ies qu'il ne peut ou n'ose vivre. Peut-on dire que ce soit vme évolution vers un degré plus haut de culture et une plus riche époque artistique? Je ne le crois pas. Car les puissances économiques (et donc politiques) n'ont besoin des artistes que pour manœu\Ter les peuples. Le cinéaste peut-il trouver une troisième voie où s'engager pour s'exprimer librement ? On peut se demander en tout cas si, même dans un film « surréaUste », l'appel à l'identification n'est pas indispensable pour susciter la curiosité du spectateur ou l'intéresser à une suite d'images qui, pour être appréciées, ne font pas appel à la raison. L'art pour l'art?... Le film narratif (épique, sentimental ou autre) purement objectif peut permettre à l'auteur-réalisateur de dire ce qu'il a à dire, comme le romancier ou le dramaturge; mais dans des limites assez étroites; et plus l'auteur aura de choses à exprimer, plus il dex ra prendre soin de ne pas lasser, choquer ou déconcerter le public, plus il devra s'efforcer d'offrir aux spectateurs des possibilités d'identification. (i) C'est l'aspirine du cœur, la magie noire pour tous, à un tarif démocratique. — X. D. L. R. 47