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en obtient la possibilité, il trouve la force de produire des œuvres d'une originalité telle qu'on ne peut leur découvrir d'équivalents. Dans l'ensemble des films de René Clair, on pourrait citer plus d'un exemple d'ouvrage sans réplique possible et, avec une absolue certitude, Le Million et A nous la liberté.
Parfois, le titre d'une œuvre littéraire célèbre est lié à un film inimitable. C'est à notre avis le cas de Don Quichotte de Pabst. Il e.xiste deux autres films tirés du même sujet, une parodie de Lauritzen, avec Doublepatte et Patachon (i) et un film de Rafaël Gil (2). Mais il est évident que ces films suivent une autre voie, laissant à Pabst le privilège d'avoir créé une œuvre discutable mais originale.
De la même façon, la valeur cinématographique et l'originalité authentique d'un film comme La Bête humaine est affirmée avant tout par l'art avec lequel Jean Renoir a mis en place le drame avec la séquence initiale du chemin de fer de Paris au Havre, qui agit par l'orchestration de ses images de caractère documentaire.
Le fait que l'on considère trop peu l'expression figurative et rythmique au profit du contenu littéraire a souvent pour conséquence curieuse que l'on accuse de plagiat ou d'imitation celui qui a réalisé un film sur le même thème qu'un autre metteur en scène; et non celui qui, au contraire, a utilisé les procédés techniques spécifiques (voire, par bonheur, artistiques) appliqués par un auteur-réalisateur à un film tiré d'un argument différent. Combien de peintres ont traité les mêmes sujets (Adam et Eve, la Madone, l'Annonciation, Vénus, etc.)? Et pourtant on n'accuse pas Titien d'avoir plagié Giorgione, (pas plus qu'on ne peut reprocher à Racine de s'être inspiré d'Euripide). En revanche, on dénoncera plutôt l'artiste qui aura usé du même mélange de couleurs qu'un autre peintre ou qui aura singé son coup de pinceau.
Il est vrai, toutefois, que le cinéma n'est pas uniquement expression figurative et rythmique et que les qualités littéraires et théâtrales intrinsèques d'un film lui donnent souvent beaucoup de prix et de renom. Mais ces seules qualités ne peuvent en aucun cas en faire une œuvre marquante dans l'histoire du cinéma. Elles indiqueront plutôt le désir des producteurs de flatter le public en lui offrant un film tiré de l'œuvre qu'il a déjà bien accueillie au théâtre ou en librairie. Dès lors, on ne peut guère parler du film que comme une « traduction visuelle » du roman X ou de la pièce Y et mettre en doute la puissance créatrice de son metteur en scène. Celui-ci, en effet, devrait toujours être un créateur et non, comme il arrive trop souvent, l'illustrateur d'un ouvrage littéraire connu ou un simple observateur ou surveillant du jeu des acteurs.
Il suffirait cependant que l'on puisse, chaque année, reconnaître une seule œuvre d'art dans toute la production pour avoir la preuve que l'art du cinéma existe.
Francesco P.-vsinetti.
(1) Coponhagiie, 1925.
(2) Madrid, 1946.
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