La Revue du Cinema (1948)

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belles tournures et sa virtuosité formelle. Mais si l'on se réfère au film qu'il a réalisé dans l'atmosphère du music-hall anglais du siècle dernier, Champagne Charlie, on se souvient d'im même détachement du sujet, apparemment, joint au même attachement à l'objet. C'est ainsi qu'il trouva les cent et une manières de prendre ce music-hall sous des angles différents, et que la bagarre par dessus les balustrades d'escaliers très baroques correspond à celle de son nouveau film qui a lieu au milieu de cercueils et durant aussi longtemps. Dans They Made Me a Fugitive, les morceaux de bravoure « à l'américaine » donnent souvent l'impression d'un pastiche. On y voit des gangsters à la manière de..., comme les personnages de Peter Cheyney dans le domaine littéraire; et l'élément de drame social, ou même de récit picaresque reste seulement ébauché. Qu'on pense, par exemple, à Rossellini qui, dans l'époque et sur le ^•if, a su animer et poétiser le réel, alors que Cavalcanti ne fait qu'intégrer le document à la fiction sans arriver à la fusion, à la sublimation nécessaire. II serait téméraire peut-être, mais instructif, d'examiner le cinéma anglais sous cet angle, malgré le mensonge de toutes les généralisations. On peut cependant dire qu'il y a plus de brunes aux yeux verts à Naples qu'à Stockholm, en réservant tous les cas particuliers. Ainsi pourrait-on avancer qu'il y a moins de chaleur, et partant moins de vérité, dans la traduction du réel à la manière britannique que dans la vie filmée hors studios par quelques italiens enthousiastes. Si des séquences entières de Teniptation Harbour réalisé par Lance Comfort sont des fragments « documentaires », ils contribuent peut-être à donner un caractère plus sincère au film, mais sans utiliser le lyrisme ou le pittoresque de la vie (juotidienne. Le documentaire anglais n'a pas «revitalisé » le film de fiction, mais lui a communiqué au con traire une certaine froideur, comme l'adjonction dans un roman de passages didactiques rapportés en marge de l'action. Aussi valable que soit le réalisme anglais, dans Brève Rencontrepar exemple, lorsqu'il enserre une histoire toute de pudeur et d'émotion contenue, on peut noter que les films britanniques, réussissent souvent à être remarquables et profondément ennuyeux : ainsi l'admirable et décevant ouvrage de Harry Watt, The Overlanders où la beauté formelle des images ne suffit pas à animer cette aventure gelée. Vérité et honnêteté sans doute, mais monotonie des troupeaux dans les mornes plaines, du bœuf frigo. Pour Cavalcanti, qui ne fait jamais oublier qu'il fut d'abord décorateur, il me semble que le reproche qu'on peut lui faire s'applique au ton surtout, plus qu'au style. Je ne pense pas qu'on puisse être ému, qu'on puisse être « pris » par cette histoire. En revanche, on ne saurait trop admirer la virtuosité technique, d'autant plus qu'elle se déploie comme une période cicéronienne, et se prête à l'analyse grammaticale. Dans ses compositions les plus heureuses, on en devine la charpente théorique; on pourrait étudier le nombre d'or qui équilibre les proportions et régit les valeurs. L'ellipse y est employée de façon constante pour amener le rythme à la vitesse de l'action américaine. Mais il ne suffit pas de parler vite pour faire haleter le spectateur. LTne accumulation de coups de poings peut être lassante si la violence n'est qu'esthétique. N'est pas brutal qui veut et je n'ai pas trouvé (impression personnelle évidemment) d'efficacité à cette marqueterie d'effets, cependant bien découpés, bien ajustés, bien emboîtés. Peut-être parce que je voyais trop la main qui préparait l'assemblage. Ceci s'applique en particulier à l'empoignade finale, règlement des comptes qui de la fausse ofiîcine de pompes funèbres (richesse des détails : l'angle 68