La Revue du Cinema (1948)

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dur des cercueils, les écriteaux mortuaires, le balancement d'un ange de plâtre, etc.) se déroule ensuite sur le toit (grandes lettres d'une réclame sur lesquelles les mains s'agrippent) et se termine par une chute impressionnante dans une cour profonde comme un puits. Dirai-je que ce long morceau de bravoure m'a paru plus divertissant qu'émouvant et que l'accumulation des gags ne déparerait pas ime odyssée grotesque des Marx Brothers? Cavalcanti s'est amusé à exploiter comme une figure de rhétorique les dénouements paroxystiejues des films d'action, et cette gratuité l'a amené à friser parfois le grotesque. Par jeu, et c'est bien ce qu'on peut lui reprocher. Est-il trop intelligent pour « faire du policier »? Clouzot a bien su, sur un thème aussi mince que Qt<ai des Orfèvres, œuvrer en romancier, et nous donner même une vision personnelle, une conception cUi monde. On ne demande pas, au fond, à un créateur, de croire à son sujet, mais de nous y faire croire. Que le peintre d'une Pieta ne soit nullement croyant, cela nous importe peu, s'il parvient à nous émouvoir Il est évident que la suite de mes criticjues est un hommage indirect rendu au talent de Cavalcanti, talent indéniable, il serait injuste de l'oublier, et qui dans ce film ne manque pas de se déployer souvent. Il est évident que je ne me place pas par rapport à la production moyenne, qu'il écrase de toute sa personnalité. S'il s'agissait du premier film d'un débutant, je me serais attardé plutôt aux beautés, qui sont nombreuses, et j'aurais parlé surtout des raccourcis de perspective temporelle, du jeu des reflets dans la nuit, de l'utilisation d'une lucarne ou des comparses d'un pub. C'est ainsi que l'évocation de la prison — gros souliers battant le pavé de la cour, champs de brume d'où surgissent des détenus aux travaux forcés — est une parfaite illustration de la Ballade de la Geôle de Rcading d'Oscar Wilde. De même, il faudrait noter l'étouffante atmosphère de la scène où le fugitif arrive dans la maison de l'ivrogne : pour payer son hospitalité, la femme lui demande de commettre un meurtre, celui du mari haï, qu'elle supprimera au moment où il descend l'escalier en titubant. Mais il arrive aussi que la pire séquence succède à la meilleure : le héros échappe aux policiers avec audace et naturel, au bras d'une prostituée, quittant la jeune fille qui a extrait de son dos des chevrotines imaginaires, au cours d'un passage des plus ridicules. Peut-être ce film souffrira-t-il de sortir en même temps (\v\'Odd Man Ont comme Nicolas Nickleby eut la malchance d'imposer le parallèle avec Les Grandes Espérances, et Champagne Charlie de venir après Les Enfants du paradis. Et l'on peut se demander si la grandeur même de Cavalcanti ne réside pas en partie dans ses limitations. Nombre de parfaits essayistes, aussi grands soient-ils dans leur domaine, ne sont pas de véritables romanciers. Ainsi Valéry se refusait à écrire : « La Mar([uise sortit à cin<] heures... » Cavalcanti ne souffre-t-il pas de la même répugnance à filmer la sortie, à cinq heures, de cette marquise romanesque? Je.\n Desternes. 69