La Revue du Cinema (1931)

de celui-ci si l'on a tiré un parti aussi déplorable de ses extraordinaires qualités d'acteur?) Voici que toute la troupe revient jouer à L'Ange bleu où la réapparition de l'ex-professeur sous son nouvel aspect ne peut manquer de faire recette. Rath n'y consent pas de bon gré, mais sa femme a vite raison de cette résistance. Le soir de la première, Rath est bouleversé de honte à l'idée de paraître devant ceux qui l'ont connu autrefois. C'est le moment — admirez la coïncidence — que choisit Lola Lola pour se laisser tripoter par un ancien copain. Eperdu d'humiliation et de jalousie, Rath, sur un baiser qu'il surprend de la scène, est pris d'une crise de folie furieuse. Il se précipite sur le couple en poussant les kikenkis qui devaient terminer le jeu de scène. (En dépit de l'invraisemblance, l'effet de malaise et de puissance voulu est obtenu : cela rappelle le rire de Conrad Veidt dans La terre sans femmes.) On passe au dément une camisole de force sans que sa femme paraisse autrement émue. Dans la nuit, Rath, que son partenaire est venu délivrer, se dirige vers le gymnase d'un pas somnambuhque, gagne la classe qu'il occupait, s'installe devant son pupitre et meurt aussitôt pendant que minuit sonne. v.f.a — de plus en plus dégueulasse Que nous veut cette histoire? Sans le moindre doute, nous montrer une femme séduisante et un homme détruit par l'amour qu'il a pour elle. Seulement, si von Sternberg réussit à ce que nous soyons troublés par Marlène Dietnch et à ce qu'Emil Jannings nous paraisse de plus en plus dégueulasse, il est impuissant à nous convaincre de ce que Rath est séduit par Lola Lola et de ce que Lola Lola provoque la déchéance de Rath. Il est clair que les deux rencontres qui doivent nous rendre 17