La Revue du Cinema (1931)

TROISIÈME PARTIE La voiture est sur lui. Mais, au moment précis où l'auto va le rencontrer, Sam, d'un rétablissement, saute sur le capot et s'y assied face au chauffeur. Il voit que c'est un taxi. Le chauffeur flegmatique baisse son drapeau. Sam pour dire quelque chose, dit : « A la cathédrale » et le chauffeur continue sa route. Sur le capot, face au chauffeur impassible, Sam s'essuie le front, s'étire en homme délivré et joyeux de sa liberté. Et le taxi continue à rouler. Soudain, par un jeu de glaces, Sam aperçoit le compteur taximétnque qui marque 2 fr. 15. Il fouille dans ses poches, les retourne et trouve finalement un bi t de cinq francs. Il se frotte les mains. La course continue. Le taxi marque 2 fr. 95. Sam cherche dans ses poches, ne trouve toujours que le billet de cinq francs. Un peu d'énervement et d'inquiétude. Le taxi marque 3 fr. 95. Sueurs froides de Sam. Vision rapide de ses efforts pour trouver autre chose dans ses poches. Le taxi marque 4 fr. 35. La course continue. Alors Sam, en se cachant du chauffeur, et en cherchant à détourner son attention ôte le bouchon du réservoir à essence, y vide sa bouteille d'eau de Vichy et remet le bouchon. Soudain la voiture ralentit. Le chauffeur étonné appuie sur les pédales. Rien n'y fait, la voiture s'arrête. Le chauffeur furieux descend de son siège, soulève le capot en désarçonnant Sam, regarde le moteur, ne trouve rien, s'énerve, tandis que d'un air innocent, Sam inspecte aussi le moteur, s'apitoie, tire sa montre... Le chauffeur s'excuse. Le compteur marque 4 fr. 55. Sam donne son billet, refuse du geste la monnaie, et remercié par le chauffeur, il s'en va, très digne. Le chauffeur disparaît sous le ventre de l'auto. Sam arrive à la grand'place de la ville. Au centre, sur un refuge, un banc. Sam s'y assied, fatigué. Il fait l'inventaire de ce qu'il a sur lui : Sa bouteille d'eau minérale vide et c'est tout. 32