La Revue du Cinema (1931)

Record Details:

Something wrong or inaccurate about this page? Let us Know!

Thanks for helping us continually improve the quality of the Lantern search engine for all of our users! We have millions of scanned pages, so user reports are incredibly helpful for us to identify places where we can improve and update the metadata.

Please describe the issue below, and click "Submit" to send your comments to our team! If you'd prefer, you can also send us an email to mhdl@commarts.wisc.edu with your comments.




We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.

Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.

diverses attitudes de gens chantant la même chanson, on comprend son intention, on est content. Il n y a rien de plus que cette compréhension à tirer des images. C'est très « artiste français »>. Lorsqu'il éteint la lumière et que la conversation attendue se poursuit dans l'ombre, on se dit : « Comme c'est bien ça ! Mais oui, on peut continuer à parler quand il fait noir. C'est très fort. » Lorsque la souris commence à grignoter un pain de trois livres, et que, peu après, il n'en reste que des miettes, on comprend qu il s est écoulé quinze jours, et une douce béatitude vous fait trouver « très fin » le détour par lequel on vous l a donné à entendre, alors que, prise en elle-même, l'image est digne de l'Almanach des Postes et Télégraphes. Je pourrais continuer longtemps : tout ce que fait René Clair, tous ses effets les plus heureux peuvent être jetés dans la passoire de la raison, ils la traversent sans laisser de résidus. Ils mettent même une certaine ostentation à vous montrer qu'ils passent librement. Bien des gens voient là une qualité. Pourtant, cette ostentation implique une sûreté, une certitude de réussite qui devrait inquiéter. Les effets n ont-ils pas été choisis parce qu'ils traversaient la passoire? Autrement dit, n'est-ce pas la présence de ce crible raisonnable qui a conditionné les effets? alors qu'il devrait y avoir indépendance entre eux, pour que le tour de passe-passe, le tour de force de l'intelligence pût, à la rigueur, mériter les applaudissements des amateurs de ces divertissements. Certes, il faut reconnaître la personnalité et l'originalité de l'auteur qui a su imposer au cinéma un style nettement défini, mais, s'il y a là progrès sur le film racontant une histoire, c'est un peu dans la mesure où le mot croisé, à la quatrième page du journal, l'emporte sur les faits divers qui l encadrent. On peut mieux faire que de poser et découvrir de faciles rébus. Et 1 émotion que procure le fonctionnement heureux de l'intelligence se résolvant généralement en une satisfaction assez plate, on ne saurait attendre de cette émotion les profondeurs, les perspectives que nécessite 1 apparition du fantôme poétique. Nous n'avons pas encore rencontré ce fantôme. Maintenant, il va paraître, et pour préparer son apparition, je me servirai du film de Dovjenko La Terre, dont j aurai la faiblesse de traduire certains passages en termes de langage. " Trois vaches grasses se détachent sur un fond de ciel au sommet d'une crête (genre plafond vénitien). Immédiatement après sont projetés trois robustes garçons. » L effet ne va pas plus loin que la comparaison prosaïque ordinaire par emploi du mot « comme ». Autre chose : « On enterre un paysan ; le cercueil ouvert est porté à bras d hommes et, au long de la marche à travers les champs, le visage du mort est caressé par les branches basses des arbres fruitiers. » Esthétique de carte postale sur une sentimentalité bien primaire. Voici mieux : « Le convoi funèbre passe dans un champ de tournesols géants. Sur 1 horizon de la bière ouverte où se détache le profil du cadavre, les grands soleils des tournesols se lèvent et l'on ne sait si la couronne rayonnante de leurs longs pétales clairs compatit ou reste indifférente. » Il entre encore là beaucoup de symbolisme facile, et la qualité de l image tient trop à l'effet plastique. De plus, elle est statique. Donnons ce dernier exemple : « La nuit; une nuit claire et la projection est seulement un peu obscurcie. L atmosphère semble être rendue plus dense par les échanges mystérieux qui, à travers elle, se font de chose à chose. On distingue un sentier sinueux dans la campagne endormie, puis entre les maisons d'un village désert. Sur ce sentier, un homme, un paysan jeune qui rentre. Il est seul. A quatre heures du matin, l 'été , le sommeil d'amour dure encore. Et, tout en avançant sur le chemin de sa demeure, il commence à danser, à danser à la manière russe, lançant ses jambes 41