La Revue du Cinema (1931)

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rance complète d une position d'esclave chargé, sous couleur de poésie, d enjoliver la figure du monde, que Lautréamont tire cette sûreté, cette égalité immuable de ton où l'on a vu la preuve de son génie. Sans doute, il est permis à quiconque de voir encore dans cette œuvre des reflets de poésie. De même, on peut aussi en contemplant les choses du monde sensible y voir de la poésie. Mais, dans l'un et l'autre cas, c'est une création de l'imagination subjective du spectateur. La poésie ne participe pas plus au fond de Maldoror, qu'elle ne fait le fond du monde sensible. Ici la Chair, là le Verbe. Entrepreneurs de poésie, voyez, si vous y tenez, la poésie dans les reflets qui s'échangent de l'un à l'autre, mais face à face les deux termes restent, chacun dans sa nature propre. En guise de conclusion, je dirai d une manière qui a le désavantage d être trop brutale : Il y a en nous, autour de nous, deux mystères hétérogènes : le mystère du monde sensible, de la réalité, et le mystère de la pensée, du verbe. La poésie s est efforcée d'exploiter le terrain, lui-même mystérieux, où l'un et l'autre pourraient se rejoindre. Que certains veuillent croire au succès de sa tâche, à la vertu de ses incantations, libre à eux. Mais, d'avoir rejeté l'intervention du mystère poétique, a permis au verbe de prendre conscience de son propre mystère, aussi grave, aussi réel que celui de la réalité. Désormais, c'est de lui-même que le langage tirera les moyens de poursuivre son ombre : le verbe s'appréhendera lui-même, et ce sera, cette fois, la vraie alchimie du verbe. Quant au mystère de la réalité, si 1 on y tient, il y a pour y participer autre chose, il y a l'amour, — l'amour qui plonge dans le réel sa racine de désir, et grâce auquel le moi renonçant à tirer de sa pensée la vérité des choses, accepte de recevoir d'elles sa propre vérité. Jacques Spitz. 48