La Revue du Cinema (1931)

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Devant ce film, il paraîtrait que la censure française éprouve le besoin de faire sentir sa vigilance. Il faut vraiment que les faits tirent d'eux-mêmes leur valeur subversive, car on peut compter sur les Américains pour s'être gardés de donner à cette histoire une portée qui dépasserait celle d'un fait divers. Ce n'est pas un des aspects les moins intéressants du film. On ne peut en effet s'empêcher de penser à ce qu'un tel scénario, servi par des moyens d'exécution aussi parfaits, fût devenu entre les mains d un metteur en scène soviétique, par exemple. En Amérique, au contraire, — et tout naturellement, semble-t-il, — les choses sont ramenées aux proportions d'un documentaire. La prison est, somme toute, assez confortable. On y fume librement. Les gardiens, s'ils jouent facilement du casse-tête, ont des allures de gentlemen sans rapport avec cette gueule crasseuse de geôlier corse dont la vue doit rendre si pénible le séjour des prisons dans nos contrées. A aucun moment, il ne passe sur les visages des détenus 1 expression d'une hame âpre qui se puiserait à cette fausse profondeur où se constitue une âme collective. Chacun reste mû par un désir individuel de fuite. Il n y a pas, parmi cette foule, d'apôtres allant chercher leurs convictions contagieuses dans le monde des idées. L'esprit, — ou l'absence d'esprit, — dans lequel fut conçu le film est très bien rendu par la stupidité de cette histoire d'amour qui s'imbrique dans le scénario de l'émeute. Et, lorsque à la fin tant de puissance tourne court et s achève sur la plus bête et la plus classique des visions du cinéma américain : la jeune fille en automobile venant chercher son siceetheart rendu à la liberté, le spectateur à l'âge un peu ardente s'indigne : « Tout ça pour aboutir à ça ! » Il convient de défendre la douce ineptie de cette fin. Elle ne paraît inappréciable par sa valeur subversive à l'égard de l'œuvre même, par la façon dont elle gâche un film excellent. J'aime aussi que l'on montre sans détours qu'à la base de toute cette histoire qui avait presque réussi à émouvoir, il n'y avait pas d'autre ambition que de satisfaire un public de calicots. Certains enthousiastes impénitents fourrent de 1 âme partout et tiennent à tout prix à entendre de perpétuels accents de Marseillaise plus ou moins rouge. La parfaite stupidité américaine leur donne une excellente douche. Mais oui, tout dans la vie tourne autour d'une tête fadasse de girl. Il n'y a rien de plus que ça. Les Américains le constatent sans y avoir réfléchi. La naïveté de qui n'a pas encore commencé à penser, rejoint le scepticisme de l'Ecclésiaste. (Parlant) Jacques Spitz. LA VIE DU POÈTE, par Jean COCTEAU, direction technique de Michel J. Arnaud. Il n'est jamais bien joli de regarder par le trou de la serrure. Pourtant vous voyez un bel insurgé mexicain fièrement adossé à une cheminée rocaille, les fusils d'un peloton d'exécution dirigés vers lui. Les coups partent, le condamné s'écroule. Que cette scène revienne trois ou quatre fois cela n a pas d importance car elle impose un sentiment quel qu'il soit. Mais entre temps on éprouve le besoin de dérouler la pellicule à l'envers et la victime se redresse lentement sur ses pieds, un vase se reconstitue sur la cheminée. Ce passage est caractéristique de l'intervention opiniâtre d'un esprit rongeur. La Vie du poète c'est de l'invention exaspérée. Je me crois assez bien placé pour en parler objectivement parce que je n'ai aucun préjugé à l'égard de Jean Cocteau dont j'ai lu suffisamment les œuvres poétiques pour 54