La Revue du Cinema (1931)

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la délicatesse de ses mensonges et de ses aveux confèrent à sa personne sans beauté un intérêt poignant. Malheureusement, bien qu'il ait sûrement tenté, aussi peu que ce soit, de faire plus commercial qu'il n'aime, Grémillon a manqué son véritable but : La Petite Lise peut émouvoir des spectateurs isolés mais laisse indifférente ou irrite la masse des milliers de personnes auxquelles, comme tout film, elle est destinée. C'est dommage, car c est tout de même une production de qualité et un sujet propre. Il y a bien des choses de La Petite Lise que je voudrais citer pour montrer que j'ai été heureux de les découvrir. L'imprécision du trop long passage du bagne, prologue par surcroît précédé d'une musique assez énervante, l'abus des effets sonores qui en dépit de leur valeur n'intéresseraient que, si au lieu de se substituer à l'action, ils l'accompagnaient avec l'efficacité nécessaire, toutes sortes dî choses dî cet oïd'e et aussi d;s maledresses et dîs naïvetés dans la mise en scène (le passage où Alcover va d;mandîr du travail chez son ancien patron par exemple, et l'homicide qui devient comique dès qu'il est accompli à l'aide d'une potiche Mack Sennet traditionnelle), toutes ces choses donc ensuite empêchent les spectateurs d'apprécier librement des moments comme l'arrivée de Berthier à l'hôtel de Lise, ou la conversation des amoureux perdant qu'ils marchent dans la rue obscure. Et le public oublie dî s'émouvoir aux moments les plus évidemment dramatiques, voire mélc dramatiques, avec d'autant plus de facilité que le drame est perdu, égaré dans la mise en scène. Aimant sans doute plus le cinéma que ce à quoi cet instrument, ce moyen sert, Jean Grémillon développe copieusement et complaisamment l'atmosphère de l'histoire qu il a à traiter au détriment de l'histoire même. Cela n'aurait aucune importance si Grémillon ne demeurait pas, dans le cinéma français, un des quatre ou cinq hommes desquels on sait pourquoi on attend quelque chose. Quelle victoire sur les pignoufs de la mise en scène La Petite Lise aurait pu être si le film avait été réussi, — simplement réussi. J. G. Auriol. WEEK-END, par WALTER Ruttmann. — On appelle Week-end un « film sans images », ce qui donne lieu à un regrettable malentendu : on se demande de quoi est fait ce film auquel il manque les images, on suppose qu'il s'agit d'une curieuse expérience d avant-garde et certains ont considéré « Week-end >> avec la bienveillance que ces choses-là méritent. Ce titre malencontreux a faussé l'esprit de l'œuvre, les images ne manquent pas, Ruttmann n'en avait pas besoin pour ce qu'il voulait faire, il a tout simplement utilisé le son, comme on avait jusqu'alors utilisé l'image, et il a parfaitement réussi; il a créé quelque chose qui n'a pas encore de nom, qui est une mus que nouvelle, une musique réalisée avec des moyens appartenant en propre au cinéma, et c'est pour cette raison qu'on a pu dire que Week-end était un film. Des bruits, de vrais bruits ont été enregistrés et montés : ronflement de moteurs, tintement de cloches, chant d'oiseaux, sonnerie de téléphone, sons d'orgue et d'accordéon, appel de la sirène, vrombissement de machines; pas une harmonie imitative, des bruits. De cette musique naissent des images; par exemple, le crescendo et le decrescendo de la fanfare évoquent inévitablement le défilé qu'elle accompagne. On voit les enfants qui chantent en faisant la ronde, on voit les couples d'amoureux qui s'enfoncent dans les bois, on voit les hommes attablés, qui, le soir du dimanche, entonnent une chanson à boire. Week-end, film aveugle, dit Ruttmann, est en réalité une symphonie sur pellicule. J. Bouissounouse. 58