La Revue du Cinema (1931)

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LE PROFESSEUR IINRAT FRAGMENTS mite Traduit de l'allemand pcr Lucienne Astruc. UNRAT AU CABARET DE L'ANGE BLEU (Chapitre IV). La « scène », large et profonde, é'ait constituée par le plancher d'une vieille maison bourgeoise, sur lequel on avait poussé quelques accessoires. A gauche, par une porte entr ouverte, on percevait un bruit de vaisselle et la lueur d'une flambée; on pouvait lire, à droite, au-dessus de 1 entrée, la mention « salle ; il y régnait un tapage assourdissant dominé de temps à autre par un bruit plus strident. Unrat hésita un moment avant d appuyer sur la poignée; il sentait qu'il allait accomplir un acte lourd de conséquences... Un homme court, ventru, complètement chauve, vint à sa rencontre, portant de la bière. Unrat l'arrêta : — Pardon, balbutia-t-il, pourrait-on parler à l'artiste Rosa Frclich. — Qu'avez-vous donc à lui dire? demanda l'homme. Pour le moment, elle ne parle pas, elle chante. Écoutez plutôt. — Vous êtes bien le patron de I " Ange Bleu ? Alors nous allons nous entendre... Je suis le professeur Raat du collège municipal, et je viens à propos d'un élève qui doit se trouver ici (1). Peut être pouvez-vous me dire où il est? — Ouai, Monsieur le Professeur, allez donc dans la pièce d'arrière boutique, dans la loge de l'artiste. C'est là que ces jeunes messieurs se tiennent toujours. — Par exemple, fit Unrat sévèrement, je m'en doutais; il faut avouer, l'homme, que tout cela n'est pas bien correct. — Ouai — et le patron souleva ses sourcils — mais pour moi, c est du pareil au même. Je me moque pas mal de savoir qui paie le souper de la demoiselle. Lesjeunes messieurs ont même commandé des vins pour eux: nous autres on n'en demande vraiment pas davantage. Si je me mettais à renvoyer mes clients, le prendrais un fameux bouillon. Unrat se ravisa : . — Oui, ce sont de bonnes raisons. Mais soyez donc assez bon pour rentrer maintenant, mon brave, et sortez-moi ce garçon. — Que diable, monsieur, allez-y donc vous-même ! Cependant, l'intrépidité d'Unrat s'était évanouie; il aurait souhaité n'avoir jamais découvert la retraite de la Frclich. — ■ Alors, demanda-t-il avec angoisse, il va me falloir traverser toute la salle? — Ben sûr que oui. Y a pas d'autre chemin, et puis après, vous passerez par la pièce là-bas — vous apercevez la fenêtre d'ici — avec un rideau rouge. Il fit quelques pas avec Unrat jusqu'au fond de la salle le long de la scène et lui montra une grande porte vitrée tendue de rouge vers l'intérieur. Unrat tenta vainement d'apercevoir quelque chose de l'extérieur, mais l'hôtelier revenait déjà chargé de bière et ouvrait toute grande la porte de la salle. Unrat se hâta, les bras en avant, puis il demanda, l'air suppliant : — Brave homme, amenez-moi donc cet élève ! Le patron déjà à l'intérieur se retourna et avec mauvaise humeur : — Et puis, leque est-ce après tout? Ils sont toujours à trois... — Trois? allait interroger Unrat, mais il se retrouva soudain au milieu de la salle, assourdi par le tumulte, aveuglé par la fumée chaude et envahissante qui embuait les verres de ses lunettes. A côté de lui, on criait : — La porte — quoi — on sait vivre ici ! Effrayé, il s'approcha en tâtonnant de la poignée mais ne parvint pas à la saisir. Il entendit des rires. — Il joue à colin maillard ! dit la même voix. Unrat enleva ses lunettes; quelqu'un avait fermé la porte; il vit qu'il était prisonnier et eta autour de lui un regard plein d'inquiétude. Le tumulte régnait en lui et autour de lui. Accablé par (I) Unral a découvert dans le cahier de Lohmann, qu'il a emporté chez lui, des vers consacrés à Rosa Frohch qu'il découvre enfin à "l'Ange Bleu " après l'avoir vainement recherchée au théâtre municipal et dans tous les cafés de la ville (chap. II et III). Cf. ftt rue du Cinéma, n 17. 71