La Revue du Cinema (1931)

Record Details:

Something wrong or inaccurate about this page? Let us Know!

Thanks for helping us continually improve the quality of the Lantern search engine for all of our users! We have millions of scanned pages, so user reports are incredibly helpful for us to identify places where we can improve and update the metadata.

Please describe the issue below, and click "Submit" to send your comments to our team! If you'd prefer, you can also send us an email to mhdl@commarts.wisc.edu with your comments.




We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.

Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.

ENFANTS PERDUS Scénario par MARCEL AYMÉ à Florent Fels. L'homme qui guérissait le mal de pendaison marchait de loin. Tant qu'un soir de lune, il arriva en vue des murs de Dôle qu'est une belle ville en France. Tout le monde sait. Sur son chemin, il y avait un gibet. Pendus de frais et par rang de taille, trois coquins s'y balançaient au vent du Nord, et leurs ombres dansaient loin sur la plaine. Le voyageur les toucha tous les trois d'une manière qu'il savait. — Je guéris le mal de pendaison, dit-il. Donnant, donnant, que donnez-vous? Le plus petit des trois coquins ne répondit pas. Avant d'étriper du monde, il avait, cathédrant, enseigné qu'il n'y a pas d'effet sans cause. Pendu depuis le matin, il trouvait là une raison nécessaire de garder le silence. Le guérisseur haussa les épaules et dit au deuxième coquin : — Donnant, donnant, que donnezvous? — Guérissez-moi, gémit le coquin, je m'enseignerai dans un honnête métier et je demanderai pardon à Dieu tous les jours de l'année. — Je ne guéris pas la folie, dit l'autre. Restez pendu. Et s'adressant au troisième coquin. — Donnant, donnant, que donnez-vous? Le plus grand des trois coquins partit d'un rire qui ne finissait pas. La corde qui le pendait en vibrait comme viole en folie. Enfin, il répondit avec une voix forte qui mit le plus petit des trois coquins en deuil de sa philosophie : — Vierge Mère, qu'il fait bon rire, monsieur le guérisseur. J'en avais perdu le goût depuis ce matin qu'ils m'ont accroché là. Vous êtes un sacré bougre et je vous aime de tout mon cœur. Mais vous devriez couper un peu cette cordelette qui me gêne encore à l'endroit du cou. Ha, ha ! donnant, donnant ? Mais ces maudits robins m'ont dépouillé avec de méchantes raisons. Pourtant, j ai une bonne amie qui paraissait contrariée de me voir pendre ce matin. J'irai trouver Margot dans la tour collégiale où elle demeure avec son père. Je l'accolerai encore un coup et je vous la donnerai bien. C'est juré. Ma foi, vous aurez là la plus jolie fille de Dôle, ou je m'appelai jamais Tripandaille. Le guérisseur se débarrassa de la grande épée qui lui battait les jambes, grimpa sur le gibet, puis d'un coup de poignard trancha la corde. Tripandaille ne fut pas sitôt dépendu qu'il ramassa la longue épée, 14