La Revue du Cinema (1931)

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En Allemagne : un exemple de censure politico-commerciale : l'affaire d' « A l'ouest ». Un exemple éclatant de ce qu'est vraiment la censure du cinéma. Le 5 décembre dernier, un grand cinéma de Berlin donne la première représentation du film américain A l'Ouest rien de nouveau. Plusieurs soirs de suite, quelques milliers de jeunes brutes hitlériennes manifestent contre ce film qu'ils n'ont pas vu, pour la plupart. Six jours après, le 1 I décembre, le gouvernement fait interdire le film. Ce film, ne l'oublions pas, avait été autorisé par la Censure; lors de l'autorisation la Wilhelmstrasse n'avait formulé aucune objection; mais les manifestations lui avaient donné, comme diraient MM. Ginisty et Chiappe, « à réfléchir »; et l'interdiction fut prononcée par une commission de contrôle réunie spécialement et dont les membres étaient acquis d'avance à la thèse des hitlériens et du ministère de l'armée; le ministre de l'intérieur, M. Wirth, s'était déclaré contre la continuation des représentations. Il tenta même d'amener la société cinématographique à retirer spontanément son film, ce qu'elle refusa. Les journaux annoncèrent : « La commission a siégé de 10 heures à 16 heures, s'est fait représenter le film et a discuté à huis clos. La presse était représentée par un rédacteur de l'agence Telegraphen Union ( propriété de Hugenherg ) et par un rédacteur de l'agence Wolf. Les délégués des Etats de Bade, de Wurtemberg, de Bavière, de Thuringe et de Brunswick, ont développé leurs arguments respectifs, tous en faveur de l'interdiction. Le représentant du ministère de l'Armée a remontré que le film nuit au prestige de l'armée allemande. Il représente le soldat allemand sous un jour pitoyable, et ce n'est en somme que le film de la défaite allemande. » Et le film fut interdit. Notons que le gouvernement nationaliste de Saxe avait réclamé cette mesure « dans l'intérêt du maintien de l'ordre public » (sic) que seuls troublaient les bandes faisant le jeu du racisme et de l'industrie d'Allemagne. C'est le coup de provocation classique. Il se trouve que Hugenberg est à la fois nationaliste et magnat du film en Allemagne : propriétaire de l'U. F. A., il voulait déjà, comme on l'a dit ici, s'emparer des actions de la Compagnie Emelka pour avoir ainsi un monopole de fait en Allemagne. Le gouvernement allemand, inquiet, lui avait là coupé l'herbe sous le pied en achetant un gros paquet d'actions de la Compagnie Emelka. Or, en déclanchant la campagne contre A l Ouest, film pacifiste... et américain, Hugenberg protégeait à la fois 1' « honneur » et l'industrie germaniques ! Tout bénéfice ! Et tandis que la presse corporative allemande protestait et s'élevait contre cette dictature, les bandes hitlériennes faisaient plier le gouvernement; seule, la feuille qui paraît chez Scherl-Hugenberg, Kinematograph, gardait le silence, assuré du but atteint qu'on digère. 39