La Revue du Cinema (1931)

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ce genre d'occupation, un homme qui justifie ses films en les donnant comme le produit des aspirations de la classe à laquelle il appartient n'a pas le droit de se servir de cette affirmation comme d'un prétexte à donner libre cours au génie particulier qu'il a de faire des prises de vues ou des montages-attractions. Dans cet esprit, nous pouvons porter un jugement précis sur La Ligne générale et dire, en premier lieu, que le lyrisme d'Eisenstein nous touche lorsqu'il exalte l'effort des protagonistes de l'action et qu'il nous glace lorsqu'il s'applique aux résultats auxquels ceux-ci aboutissent. La mise en marche de l'écrémeuse ressuscite en nous le sentiment de miracle, de victoire sur l'impossibilité physique, que la machine éveille toujours chez l'homme. Mais la marche triomphale des tracteurs aurait trop gagné à être tournée dans les usines de Détroit pour qu'on puisse se garder d'en faire la réflexion. La lutte entre les deux faucheurs est plus émouvante que le travail de la faucheuse mécanique. Si le fragment du troupeau de porcs donne cette impression de puissance, c'est qu'il constitue un rêve, une volonté projetée dans l'avenir. Il est impossible d'attribuer cet écart à une impuissance naturelle à l'œuvre cinématographique. Qu'on se souvienne de l'admirable facilité, du bonheur calme où se développait chaque image de Moana. Il semble donc bien que l'origine de cette inégalité de traitement tienne dans la situation sociale qui a inspiré Eisenstein, ou tout au moins dans notre position à l'égard de cette situation sociale. Ensuite, à certains passages, les procédés techniques nous frappent sans que nous puissions les rattacher au thème qu'ils devraient développer. Lorsque les paysans scient les poutres, le mouvement de va-etvient de la scie nous fait songer à tout autre chose qu'aux inconvénients du démembrement de la propriété. Toute la partie critique de La Ligne générale montre à souhait ce qu'Eisenstein perd en efficacité chaque fois que, peu intéressé par ce qu'il exprime, il s'abandonne à son talent de réalisateur. Le réveil dans la cabane des vieux paysans, la visite chez les koulaks, la procession, sont formés des images les plus simples et les plus saisissantes dont se dégage et s'impose, sans l'aide d'artifices, la force des convictions du réalisateur. Des passages qui raillent la propriété individuelle et la bureaucratie soviétique, on ne retient que ce genre de trouvailles dont sont avides les opérateurs de second ordre : la naissance spontanée des clôtures, la machine à écrire prise sous un angle invraisemblable, l'accéléré mais. Je vois bien ce qu'on peut répondre à ces critiques : les développements qui nous paraissent inadéquats ou injustifiés seraient exigés par le public auquel le film s'adresse et dont nous sommes exclus, en principe. En effet, le film soviétique présente la singularité d'être fait pour ceux-là mêmes dont il exprime le drame. Mais cette réfutation me paraît peu satisfaisante. C'est que Mère et Le Cuirassé Potemkine échappaient à ce genre de reproches. C'est aussi que, d'après certains renseignements, le film culturel et spécialement La Ligne générale 46