La Revue du Cinema (1931)

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On ne verrait plus rien à travers la pellicule voilée, même le scandale et qu est-ce encore que ce scandale prémédité, pénible à côté de l'aisance grandiose avec laquelle Jarry imposait ses formidables éclats à l'indignation générale. J'en suis persuadé, ces manifestations voulues pour fouetter l'imagination publique paraîtront toujours mimées, quel que soit, à la réflexion, leur naturel au second dîgré. Je ne parle que des influences gâchées, c'est donc que les autres sont intégrales. Malgré tout la défaillance technique n'est pas tellement volontaire, car il subsiste un peu de cette terrifiante paralysie générale des sentiments formulés. Pour son premier contact avec les mots, la jeune révolte ne parle pas avec aisance. Elle manifeste une décision que j'admire de repousser la sympathie, fuir l'adhésion sentimentale, qui rend bien inefficace le rôle de la censure et qui s'oppose de la façon la plus injurieuse à la basse flatterie dont on nous environne au cinéna. Ceux qui se laissent renvoyer, ils ont tort, au moins autant que les spectateurs gagnés par les politesses habituelles des films financiers. On ne retrouve pas un grand caractère onirique dans ce film. C'est sans doute la raison pour laquelle on résiste plus facilement à ses attaques qu'aux escarmouches antérieures de Bunuel et de Dali, car bien des gens acceptent le rêve comme un amortissement intérieur de la révolte. Hélas, il n'est plus possible de s'endormir. Perdus l'engourdissement magique par les yeux, la fantaisie irrésistible et inoffensive au delà de 1 obscurité seconde des paupières fermées. Mais vous voilà étroitement serrés contre la déesse oubliée de la logique, car il a fallu un bien grand changement pour qu'au début d'un film de Bunuel on parle d une réception mondaine qui aura lieu réellement à la fin. Qu on m'entende : car on sait assez qu'il n'était pas possible d accorder à Un Chien andalou 1 excuse facile du rêve. Il s'agit encore de l'influence générale d'un but de propagande et puisqu il faut donner des précisions, j espère qu on n'aura pas confondu le goût mystique du travail manqué avec le désir de chasser les importuns. On a voulu plus précisément que nous comprenions, que les images fussent soudées d'après la démarche claire de l'existence. Ainsi les bandits Espagnols se traînent à la suite les uns des autres, les événements d'une soirée élégante se déroulent dans le scandale, le sacrilège emprunté au Marquis de Sade opère dans toute sa portée mystique, oui, mystique, car il ne subsisterait par ailleurs que les manifestations idiotes d'un petit bourgeois anticlérical. Ce n'est pas le genre de film où l'on se plaît à retrouver la personnalité de 1 auteur. Que reste-t-il à travers les influences qui parviennent si heureusement à la dissimuler? On vous l'a dit : la recherche folle de l'amour ou plutôt le fol amour recherché, car, pour une fois, Gaston Modot a crevé le plafond de son rôle. Cet acteur, intelligent et vigoureux, deux qualités qui ne sont pas souvent rassemblées, a transformé la chaleur humide de la sensualité en rage bouillonnante. J'espère qu il me comprendra si je dis qu il ne semblait pas avoir envie de faire 1 amour avec cette femme, la limpide Lya Lys. Elle a pu formuler l'ardente passivité que les hommes poursuivent plus souvent qu ils ne le disent. L'amour rêvé, avec ses yeux compacts, son visage ferme, ses lèvres posées sur la figure en coquillage et une calme exaltation. Je ne sais pourquoi les ruminants ont une mauvaise réputation, car je ne saurais trop la comparer et de très bonne foi, à l'animal quelle trouve sur son ht. Voilà donc encore un film réduit pour une grande part à une femme, même indifférente. Mais ce n'est pas tout : dans la gêne ou le malaise qu'il suscite, on retrouve un sentiment terrible et rarement exprimé, l'affolement des agitations vaines, le pur énervement. En voilà un exemple dans une scène parfaitement inutile ou tout au moins chargée d'intentions très différentes de l'émotion qui m'intéresse. Gaston Modot jette par la fenêtre les meubles de la maison, puis une charrue, puis une girafe. Il ferait mieux 'de s'y jeter lui-même. L'impuissance 4 49