La Revue du Cinema (1931)

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INTRIGUES (A Woman of Afïairs) par CLARENCE Brown, adapté du roman de Michael Arien, The Green Hat (M. G. M., 1929). Avec Greta Garbo et John Gilbert, Clarence Brown a fait La Chair et le Diable. Il a fait aussi A Woman of Affairs ; n'importe qui disposant d'une voix, si faible soit-elle, se sentira dans l'obligation de signaler un tel film. Non qu'il dépasse ou même égale La Chair et le Diable, dont le souvenir, pour nous, coïncidera toujours avec l'une des plus vives émotions que nous devions à l'écran; non qu'il soit exempt de maladresses (à plusieurs reprises n'a-t-on pas l'impression d'assister à la projection d'un « parlant » devenu muet? ce qui n'est pas le cas). Les sous-titres ne sont pas tous d une rédaction très heureuse. L'insistance avec laquelle ils parlent << d'honneur » risque de prêter à rire et certain passage du film, — celui de la clinique, — est, à notre sens, un peu trop du style sainte Thérèse de Lisieux. Mais, dégagé de ces éléments, à la vérité, extérieurs, A Woman oj Affairs renouvelle, — -et presque de la même manière miraculeuse que La Chair et le Diable, — le pacte qui, depuis La Rue sans joie, lie Greta Garbo aux spectateurs et aux spectatrices du monde entier. Le début du scénario serait facilement emprunté à l'Ibsen des Soutiens de la Société. Un homme jouit de ce que l'on nomme la considération générale. Il personnifie la correction et ses principes. C'est un « chevalier » moderne. Or la police est à sa porte et va 1 arrêter. Pour quel motif? On ne nous 1 indique pas. N'eût-il pas été important de le savoir? En tout cas, il s'agit d'une tare cachée sur laquelle la perspicacité du public a licence de s'exercer. Quand, plutôt que de se rendre aux représentants de l'autorité qui, sous les yeux de sa femme interdite, tendent leurs menottes vers ses poignets, le mari se jette par la fenêtre (un saisissant suicide, du meilleur Clarence Brown), cette femme joue le rôle de coupable et, pour sauver « 1 honneur » du mort, compromet délibérément le sien, acceptant ainsi de se rendre indigne au regard d'un autre homme qu'elle aime et qui, pour l'aimer lui aussi, n'échappera pas à la paralysie des règles familiales et sociales. Cette femme donc passera pour une déclassée. Le sourire satisfait des convenances s'épanouira lorsqu'on aura pu la blesser. Dans les salons, on prononcera sa condamnation : — C'est une femme perdue... Rêveur, quelqu'un ajoutera cependant : — Je veux dire quelque chose pour elle : quand un homme l'a aimée, il ne peut l'oublier. Mais la vertu insinuera, gonflée de sous-entendus : — Bien des hommes l'ont aimée... La flèche sur tout ce qui ressemble à l'amour hors la loi. Les gens qui demeureront calmes en présence de ce film, — et tout un univers nous sépare d'eux, — trouveront certainement l'occasion d'un divertissement — de bon aloi, on s'en doute ! ■ — dans le symbole de la bague. — On répète que je suis comme cette bague, prête à tomber, dit Garbo en laissant glisser de son doigt une pierre noire. Mais, d'un simple geste, je peux l'empêcher de tomber. Si c'est une grande hardiesse d'avoir introduit là ce qui paraît être une grande naïveté, ne la regrettons pas. Quand, plus tard, la bague roule sur un tapis, nous comprenons que les combats sont terminés et que rien ne pouvait mieux que cette main nue, blanche, pareille aux débris de marbre qu'ont livrés les sols antiques, donner le signal que secrètement nous attendons tous. Dépouillée de tout ce qui l'étouffait dans les films précédemment présentés 51