La Revue du Cinema (1931)

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connu, même à la chaleur de ces réunions pourtant énervées. La jovialité vulgaire qui agace les trois quarts du temps le spectateur intelligent (moi elle ne m'agace pas), trouve une fissure pour jaillir dans tout ce qu'elle a de sympathique. Il y a même un moment où l'on touche dans ce style à la limite du frénétique, de l'absurde et pour tout dire du délirant. Un camelot, un marchand de vélo, un coureur cycliste, la sœur du coureur et la fille du marchand, tout cela se marie non sans avoir traversé les zones hurlantes et familières des réunions pugihstiques, des Six jours et des matches internationaux de rugby, puis le mariage a heu dans une salle d'un luxe suraigu, est accompagné par un orchestre mondain, servi par des laquais en livrée. Cette mise en scène possède un côté de folie burlesque. Il n'a fallu pour toucher à ce point de réussite populaire que la disposition des moyens précipités et l'idée d'utiliser le personnage curieux et authentique du resquilleur. « Ni mendiant, ni voleur » dit Milton dans la scène destinée à dégager la portée morale de son rôle. Il y a bien du voleur tout de même. Mais cela ne fait rien à l'affaire. Saisissons cette réussite tout à fait contingente car elle n'est due ni à la qualité du scénario, ni à 1 autorité de Pière Colombier, le metteur en scène, ni à la valeur de 1 interprétation. Les acteurs sont nuls, il faut le dire, sauf Milton, bien supérieur au Biscot, tout au moins muet, que nous connaissons dans les situations analogues. Milton est le seul acteur que j'aie vu agir directement et efficacement de l'écran sur le public « Chantez ! » disait le haut parleur et le public qui emplissait le Moulin-Rouge, un samedi après-midi, se mit à chanter. C'est la fin du film, les spectateurs se lèvent, mais Milton réapparaît : « C'était une blague, vous avez été pris, » et la salle se remet à chanter. On aurait bien tort de se priver d'un plaisir. Ce n'est pas un raffinement, mais un sentiment analogue à l'attraction des réunions sportives qui font le sujet du film, le plaisir de se sentir en communauté d'impression avec des milliers de personnes. Le Roi des resquilleurs perdrait tout son prestige dans une petite salle. (Parlait). L. C. LA FÉERIE DU JAZZ par John Murray Anderson (Universal, 1930). La Féerie du Jazz devait primitivement comporter une intrigue amoureuse dont la principale vedette devait être Paul Whiteman. Mais, devant le refus de celui-ci, et peut-être aussi devant son manque de qualités dramatiques, on résolut de cinématographier simplement une revue de musichall dont l'étoile ne serait plus seulement le célèbre chef d'orchestre, mais son jazz au grand complet. Pour cela, on fit appel, chose curieuse, à un producer de spectacles de music-hall, John Murray Anderson, et on lui confia, bien qu'il n'entendît rien au cinéma, la mise en scène du film. Il s'en tira avec honneur... Je sais bien qu'il est regrettable que l'on n'ait pas utilisé des décors naturels, mais l'auteur n'avait pas l'intention de tourner autre chose qu'une revue ordinaire; seulement il s'est servi, à cette fin, de procédés de cinéma, et a réussi à nous montrer ce qu'un spectateur assis au parterre des Folies-Bergère serait incapable de voir. Il s'agissait, voilà qui est important, non pas de mettre un orchestre au service d'une revue, mais de créer, pour les yeux, un spectacle qui complétât 1 audition d'une musique gaie : tous ces sketches, toutes ces danses, ces costumes et ces décors ne sont donc que des prétextes à jazz. Les différents tableaux nous sont annoncés — en français, ô joie ! — par un maître d'hôtel convenable, André Chéron : c'est un monsieur d'un certain âge, chauve et outrageusement distingué; il est spirituel et bien-français, c'est-à-dire ridicule; il ne nous apprend pas grand'chose, sinon, avec une insistance très gênante, que Paul Whiteman est le Roi du jazz. Quant aux tableaux eux-mêmes, citons, au hasard, une étonnante bande, très courte hélas, de dessins animés coloriés, une petite fille qui chante délicieusement dans une voiture de maraîcher, une femme-chiffon, un nègre nu coiffé d'un grand panache et dansant bam bam sur la peau d'un tam-tam, des cow-boys saluant l'aurore dans une grange, enfin la fameuse Rhapsodie in Blue, de Gershwin, qui constitue le clou musical du film. Les sketches parlés en américain ont naturellement été coupés. La Féerie du Jazz a été mise en couleurs par le procédé Technicolor, et l'effet est assez séduisant : ces couleurs sont en effet aussi naturelles que celles qui illuminent la scène d'un music-hall. L'orchestre de Paul Whiteman semble avoir trouvé ici sa véritable destination, car il ne se suffit pas à lui-même : il n'eût pas été possible de l'entendre pendant une heure et demie sans que 1 œil bénéficiât d'un dédommagement. Ainsi composé, ce film constitue une œuvre très agréable, dont on sort avec une fraîcheur de rose dans la poitrine, quelques airs nouveaux sur les lèvres, et un luxueux scintillement dans les yeux. (En partie parlant). Maurice Henry. 54