La Revue du Cinema (1931)

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LE CINÉMA EN RELIEF par WILFRED MOODY Alors qu'il se trouve des gens pour prétendre encore que le « Cinéma muet n'a pas dit son dernier mot » (sic), voici venir une nouvelle révolution dans le domaine du cinéma. Car nos ingénieurs (je le dis sans aucune fierté) ne chôment jamais, et les réalisateurs ont à peine le temps d'apprendre une nouvelle technique que les exigences de la science les refont aussitôt petits garçons, les contraignant à un nouvel et pénible apprentissage. Et la foule incrédule qui bat des mains et demande toujours du nouveau se gonfle de joie à la pensée que c'est à notre pays que revient désormaisle mérite d'ouvrir la marche et d'innover en matière cinématographique comme dans les autres domaines. Les Français s'en consoleront comme ils le pourront en invoquant les frèresLumière ou le Système Gaumont-Petersen-Poulsen, et entre deux discours enflammés et quatre coupes de Champagne véritable (ce qui est déjà quelque chose) se couvriront de fleurs les uns les autres, flétriront les films américains, « le danger qui vient de l'ouest (1) », et établiront les bases d'un étroit contingentement. Car les Français sont les plus susceptibles de tous les peuples. Ils se sont fait la réputation d'être amants, artistes, guerriers et inventeurs. Ils en sont fiers et entendent garder jalousement la suprématie dans ces différents et agréables domaines et se regimbent devant toute nouveauté qui n'est pas de chez eux. Non pas que mes chers compatriotes ne partagent point ce défaut commun à toutes les races et à tous les individus. Il me semble pourtant que cet état d'esprit préparé et entretenu en France par la presse et les écrivains y a pris des proportions inquiétantes. Mon assez long séjour à Paris à l'époque où l'on commençait avec deux ans de retard à parler du film sonore m'a suffisamment montré l'esprit de routine, l'engourdissement, la défiance, voire l'hostilité des Français à tout ce qui n'est pas de chez eux. En un mot, aussi conservateurs et traditionnalistes que les Anglais, ce qui n'est pas peu dire... La nouvelle invention rencontrera probablement là-bas la même incrédulité, la même insouciance. Quelques « sages » hausseront les épaules et regretteront encore le temps passé. Les autres riront ou attendront avec fatalisme ou curiosité. Les journalistes auront de la copie, les dîners un nouveau sujet de conversation et les cabarets montmartrois un nouveau choix de scènes de revues. On peut dire en effet, et d'une façon sûre, que le cinéma actuel est mort. Seulement on ne le saura officiellement que dans quelque temps, pour des considérations d'ordre économique. Un autre va le remplacer : le Film-Large, la Grandeur-Film, cinéma en relief et en couleurs naturelles. Vous vous souvenez sans doute de ces films en relief appelés Anaglyphes qu'on nous montrait voici cinq ou six ans sur les écrans, tandis que nos charmantes ouvreuses distribuaient à chacun d'entre nous des lunettes à micas bleu et rouge. Malheur à (1) Eu français dans le texte. 58