La Revue du Cinema (1931)

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fragments de Granaeur-Film qui nous ont été présentés, il s'en trouvait justement un sur les chutes du Niagara, ce qui montre que tout développement a ici sa place selon un ordre préétabli et que les dissertations oiseuses révèlent à la fin seulement leur caractère nécessaire. L'œil de la caméra GrandeurFilm possède un champ deux fois plus étendu que celui de la pauvre caméra ordinaire. En une seule image il embrasse la totalité des chutes et même des rapides qui les précèdent, des nuages d'embruns qui se déploient mollement et du lac tranquille qui s'étend au-dessous et où navigue le vapeur. (Tableau enchanteur ! ) Le fracas des cataractes est vraiment quelque chose de formidable, comme si Jupiter avait froncé ses sourcils simultanément et à la cadence de 60 à la minute. L'exacte et imposante reproduction de ces roulements de tonnerre, le gigantesque sublime et grandiose de cataractes sont devant mes yeux et dans mes oreilles comme je les ai vus et entendus réellement jadis. Le relief a tué l'image. Une fraîcheur humide se dégage. C'en est fini des différences des manuels de philosophie entre images et perceptions ! Voilà bien cette fois la lune de miel pour un dollar (1) ! On nous présenta également le paquebot Léviathan dans la baie de NewYork. Outre l'immense transatlantique, on distinguait la statue de la Liberté (éclairant le monde S. V. P.), la côte de New Jersey, l'île de Manhattan et toute une partie de Brooklyn, ceci pour donner une idée du champ considérable de l'objectif. Quand la sirène du Léviathan se mit à siffler, nous fûmes tous assourdis. Il y avait là de quoi faire pleurer des centaines de bébés, mais la représentation était uniquement consacrée aux membres de la Presse, à de hauts dirigeants à l'aspect sévère et toutes sortes de personnes respectables... et nous fîmes tous bonne contenance. Un match de base-bail acheva de déchaîner l'enthousiasme. On distinguait chaque mouvement, chaque subtilité de jeu, bien mieux que des meilleures places d'un stade. On pouvait reconnaître chaque joueur. On entendait le bruit de la balle contre la bat et l'on suivait aisément son trajet dans l'espace. Les véritables amateurs de base-bail dont je me flatte d'être n'en perdaient pas un centimètre. Je ne peux mieux comparer le plaisir et l'étonnement que j'ai ressentis devant les essais de la Grandeur-Film qu'à ceux de pauvres humains à la vue basse et fatiguée, au champ visuel court et plat, au tympan grinçant, doués soudain d'une vue et d'une ouïe parfaite, transportés dans un monde inconnu et splendide. Ceci me rappelle l'histoire d'une personne myope depuis longtemps sans s'en douter, qui, un jour, mit par jeu les lunettes d'un de ses amis (myope lui aussi) et fut bouleversée par la netteté et la clarté de la vision qu'il avait devant lui, par la soudaine révélation de tant de choses jusque-là insoupçonnées. Après avoir assisté à la démonstration parfaite de ces films en relief, nous sommes allés alors dans une excellente salle (je ne la nomme pas et vous verrez pourquoi) qui présentait alors d'excellents films parlants. Mais quelle déception devant cet écran étriqué, cette platitude des images, ces sons rauques. Nous avions l'impression d'entrer dans un mauvais club de braillard, éclairé par quelques quinquets fumeux, et nous regardions instinctivement autour de nous avec inquiétude, en sondant la profondeur obscure des loges. Nous sommes comme les humains à qui il avait été donné de goûter de l'ambroisie et qui se laissaient mourir de faim sils n'en pouvaient plus retrouver. William Fox nous laissera-t-il mourir de films? Toute cette belle littérature étant achevée autour de la Grandeur-Film, je voudrais maintenant essayer de vous raconter la Genèse de l'invention. L'écran actuel tel qu'il s'est trouvé réduit par le Sound Track (bande sonore) ne présente plus qu'une surface à peu près carrée, désagréable au regard, argument qu'auraient pu employer jadis les détracteurs du film sonore. En réalité, rien n'expliquait les limites exiguës, le cadre étroit de nos écrans bourgeois, si ce n'est un commencement d'habitude que l'emploi d'une pellicule standard avait généralisé. L'image de venue presque carrée depuis le film sonore ne projetait plus sur mitre écran des familles qu'une vie étriquée et soigneusement mesurée au millimètre. Les vues d'ensemble ou les paysages devaient se résigner à être vus de très loin pour que l'œil de la caméra en pût saisir la pleine totalité. Pour permettre de voir l'ensemble du spectacle on était obligé de prendre des angles de prise de vue parfaitement absurdes, et les amateurs de « torticolis de caméras » s'en donnaient à cœur joie. (1) Allusion au traditionnel voyage de noces des Américains-moyens, organisés par des agences aux chutes du Niagara, Cf. La Foule. 60