La Revue du Cinema (1931)

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heureusement livré dans Boubouroche, il n'en résulte pas moins du rapprochement de la légende insérée dans le programme distribué à l'Omnia, avec le scénario de Boubouroche, que le sujet, le plan de la pièce, l'action, la suite des scènes, le dénouement enfin où l'on voit le mari trompé et crédule demander pardon à sa femme, sont les mêmes que dans la pièce de Courteline. « Que l'idée maîtresse de l'oeuvre de Courteline, c'est-à-dire la crédulité de l'homme simple que le besoin d'aimer et d'être aimé rend confiant à l'excès, qui, même en présence de la réalité, hésite et finit par demander pardon à sa maîtresse jnfidèle, se retrouve avec son cadre et son plan dans la projection cinématographique Ta femme nous trompe. Et quelque imparfaite, rapide et grossière, même, que soit assurément la forme dans laquelle est reproduite cette projection cinématographique, elle n'en est pas moins l'adaption de Boubouroche... » Il ne faut pas oublier que le jugement a été rendu en 1909. Si à ce moment, clans l'état encore primitif de la technique du cinématographe, le tribunal a estimé qu'il y avait contrefaçon, a fortiori devrait-il en être ainsi aujourd'hui, où le développement des moyens techniques, et tout particulièrement l'invention du film parlant, permettrait à un cinéaste malhonnête de contrefaire à peu près intégralement une œuvre dramatique. L'affaire Boubouroche alla devant la Cour qui, d'une manière très imprévue, donna tort à Courteline. Cette contradiction entre les deux décisions doit, à première vue, paraître des plus surprenantes, mais elle s'explique par l'impression produite sur les magistrats par la technique rudimentaire du cinématographe à cette époque : « Le film incriminé, dit en effet la Cour, déroule plusieurs tableaux qui, en six minutes, font apparaître, après une première scène, un joueur de manille recevant un message dans un café et sortant avec précipitation, son arrivée chez une femme, qui cache alors un rival dans un placard, l'ouverture de ce bahut, la sortie de l'amant chassé par une fenêtre et tombant sur un autre concurrent, puis le mouvement du vainqueur se jetant aux genoux de l'infidèle. « Considérant que cette aventure fait partie du fonds commun du théâtre et du roman. « Considérant qu'en la mettant ainsi en photographies, la Société n'a rien emprunté à Moineaux qui lui appartînt en propre et qui fût un sujet dû à son invention créatrice; que si Boubouroche présente avec ce scénario des analogies, c'est qu'il a été lui-même puisé au fonds commun pour le sujet, et cette circonstance ne peut, dans ces conditions, attribuer à l'auteur un droit privatif; que la forme dont Moineaux a revêtu l'idée souvent exploitée avant lui est restée en dehors de la pantomime Ta femme nous trompe; que son originalité très vivace se trouve dans l'analyse du caractère de la victime de l'incident; que cette psychologie occupe tout le premier acte, spécialement dans les critiques de Potasse, et se continue dans la majeure partie du second par les dialogues finement conduits avant et après la découverte de la trahison; que ces circonstances n'ont pu être reproduites par un mécanisme muet et que, dès lors, il n'est resté que le sujet qui vient d'être caractérise, sans la manière personnelle dont il a été traité dans Boubouroche. » Il semble bien, à lire cet arrêt, que si la Cour a débouté Courteline, c'est, en réalité, parce que la projection du film n'avait duré que six minutes et que cette projection grossière et rapide ne pouvait reproduire les observations psychologiques de l'auteur. Cette décision a été justement critiquée. C'est ainsi que dans une note au Dalloz, M. Claro a écrit : « Dire qu'il n'y a pas contrefaçon parce que la reproduction ne peut être intégrale et que certains éléments de l'œuvre ne peuvent apparaître dans l'imitation qui en est faite, ce serait aller à rencontre du principe indiscutable que la contrefaçon peut être partielle et se réaliser avec un art différent. On ne comprendrait pas la décision qui se refuserait à voir une contrefaçon dans un groupe de 67