La Revue du Cinema (1931)

D'ailleurs, la Cour de Paris n'a pas persisté dans sa jurisprudence de l'affaire Bouhouroche. Dans un arrêt rendu quelques mois plus tard à propos d'une contrefaçon par le cinématographe de Faust, l'opéra de Gounod, elle est revenue à une conception plus capable de protéger efficacement les auteurs. Nous continuerons, dans un prochain article, l'examen des principales décisions de jurisprudence relatives à la contrefaçon. Robert Kiefé, docteur en droit, avocat à la Cour. COURRIER DE MOSCOU La situation actuelle du cinéma russe examinée au Congrès général des Travailleurs de l'Art Il y a un mois a eu lieu l'assemblée plénière du Comité exécutif central des Travailleurs de L'Art, au cours de laquelle a été examinée la situation actuelle du cinéma soviétique. Le rapporteur de la question, l'écrivain connu Soutyrine, a déclaré que cette situation était critique. Par suite de la non-industrialisation du cinéma, celui-ci compte deux ans de retard sur le plan quinquennal. Ce retard se manifeste par l'abaissement, non seulement de la quantité et du rythme de la production, mais surtout par celui de la qualité des films, qui deviennent moins aptes à remplir leur rôle culturel en face du nombre rapidement croissant des spectateurs (407 millions en 1928, 621 millions en 1929, 2 milliards 5U0 millions en 1930). Le pourcentage des films de culture diminue devant celui des films d'art, les crédits affectés à ces derniers sont plus élevés et les conditions de réalisation meilleures. Cependant, en 1929-30, il a été réalisé 96,6 % du plan prévu pour les films culturels, et seulement 78,7 % pour les films d'art. Mais alors que les 96,6 % coûtaient 52 millions de francs, soit 1UU % des crédits prévus, pour les 78, 7% il avait été dépensé 130 millions de francs, soit 94,5 % des crédits prévus. Les films d'art dépassaient donc les crédits affectés de bien plus loin que les films culturels. D'autre part, les documentaires, réalisant 93,9 % du plan, n'en dépensaient que 70,1 %. D'après Soutyrine, les causes de celte crise sont multiples. D'abord l'absence de plan général de la production. Ensuite la méthode de décompte du pourcentage, selon laquelle, par exemple, un scénario adopté est compté dans la réalisation du film pour 25 %, qui demeurent acquis même si la réalisation est abandonnée par la suite. Egalement les bases techniques qui sont, sans raison, différentes de celles des autres industries russes (non-spécialisation, inobservance des lois économiques socialistes fondamentales). Enfin l'abaissement de la qualité des films, qui, étant donné le rôle culturel du cinéma soviétique, le manquent souvent, et même parfois vont à son encontre. En un mot, la crise actuelle est due au piétinement du cinéma en face du développement actif des autres branches de l'industrie russe. Le remède est indiqué par l'orateur. C'est d'abord l'augmentation des crédits et la construction de nouvelles usines. Ensuite le rajeunissement des méthodes de travail, l'industrialisation de la production et la formation de nouveaux cadres. Le rapport se termine par un appel à < la mobilisation de toutes les ressources et de toutes les énergies du pays. Le rôle du cinéma à l'intérieur et sa réputation à l'étran 69