La Revue du Cinema (1931)

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LE PROFESSEUR U N R AT FRAGMENTS (fin). CHAPITRE X Kieselack, dehors, avait ouvert la porte de la salle; il appliqua sa patte bleuie d'encre sur sa bouche et siffla imperceptiblement : Ertzum et Lohmann sortirent aussitôt. — Arrivez donc, leur cria Kieselack, qui gambadait autour d'eux jusqu'au fond du vestibule et au pied de l'escalier, en faisant des gestes enflammés. Ils sont déjà là-haut, chuchota t-il, la bouche toute tordue. Il se déchaussa puis gravit, le long de la rampe jaunie, un escalier de bois qui craquait sous les pas. La porte se trouvait dès le premier palier : Kieselack la connaissait bien. Il se pencha devant le trou de la serrure. Après un moment, silencieux et passionné, sans s'être détourné, il leur fit un signe. Lohmann haussa les épaules et demeura au pied de l'escalier près de von Ertzum qui, la bouche ouverte, regardait en l'air. — Alors, demanda Lohmann d'un air entendu, comment te sens-tu? — Mon Dieu, je ne me rends plus compte de rien, répondit von Ertzum. Tu ne penses tout de même pas qu'il se passe quelque chose là-haut? Kieselack plaisante, naturellement? — Naturellement, opina Lohmann compatissant. Kieselack faisait des signes de plus en plus désordonnés. Il ricanait sans bruit dans le trou de la serrure. — Elle doit pourtant se dire, remarqua Ertzum, que je pourrais abattre cet homme. — Encore?... Et d'ailleurs cela ajoute peut-être un charme à l'aventure! Von Ertzum ne le suivait plus. Sa conception de l'amour avait été fixée une fois pour toutes par le souvenir de la vachère qui, trois ans auparavant, chez lui, l'avait renversé dans l'herbe. Ce jour-là il avait été vainqueur d'un robuste berger... Aujourd'hui, il s'agissaitd'une mazette, à l'épaule disloquée ; et Rosa Frohch ne pouvait tout de même pas penser qu'il lui inspirait de la crainte? — Elle ne pense tout de même pas qu'il me fait peur? demanda-t-il à Lohmann. — Mais est-ce que tu ne le crains pas un peu? demanda Lohmann. — C'est ce que tu vas voir ! Et von Ertzum bondissant, en deux enjambées franchit les six marches. Mais Kieselack, qui avait abandonné le trou de la serrure, exécutait sur ses chaussettes une danse triomphale. II s'arrêta brusquement. — Oh mes amis ! s exclama-t-il. Et ses yeux étincelaient dans sa face blafarde. Ertzum, la figure incendiée, respirait avec peine. Leurs regards se mesuraient, s'affrontaient. Ceux de von Ertzum suppliaient que rien de tout cela ne fût vrai. Kieselack répondait par une palpitation légèrement méprisante de ses paupières clignotantes... et tout à coup von Ertzum devint aussi pâle que l'autre, se replia sur lui-même comme s il avait été frappé au ventre et commença à gémir de douleur. Il s'aggripa, redescendit les marches en chancelant, puis se laissa tomber comme un sac sur les degrés inférieurs et prit sa tête dans ses mains. Après un silence, sa voix s'éleva, assourdie : — Lohmann, comprends-tu? Une femme que je plaçais si haut ! Il me semble toujours que ce salaud de Kieselack fait une mauvaise plaisanterie. Que Dieu le garde alors!... Une femme qui avait tant, tant d'âme ! — Pour le moment, ses agissements n'ont rien à voir avec l'âme. Elle se conduit simplement en femme! Mais voici Kieselack de nouveau devant la serrure. Il a l'air de plus en plus agité... Cet Unrat est vraiment — Ertzum, si nous allions un peu plus loin ! Il entraîna son ami vers la porte de la maison. Il l'arracha du sol. Arrivé dehors, von Ertzum ne voulut plus quitter la place. Il s'affalait lourdement sur le lieu de ses désillusions. Lohmann tenta vainement de le raisonner. Il menaça de s'en al er. Alors, Kieselack apparut. — Vous êtes des faquins! pourquoi ne rentrez-vous pas? Unrat est enferré avec sa belle! J ai 71