La Revue du Cinema (1931)

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— Si, toutefois, tu préférais habiter avec le couple Kiepert... Il avait 1 esprit conservateur et, dans ce bouleversement général, il essayait de se mettre à sa place. Il réfléchissait attentivement. — Mais si, par exemple, les Kiepert abandonnaient la ville? — Et si je ne voulais pas les accompagner, continua-t-elle, que deviendrais-je alors? Il était perplexe. — Alors, Unratchen, alors? Elle sautillait autour de lui et, triomphante : — Alors, je resterais ici ! Un rayon brilla sur sa figure; il n'aurait jamas escompté pareille nouvelle. — Alors, tu resterais ici ? répéta-t-il plusieurs fois pour s habituer à cette idée. Tu es vraiment bonne, ajouta-t-il avec gratitude. Il était comblé, et pourtant, quelques jours plus tard, elle dut déployer tout son art d'insinuer pour qu il redit qu'il ne la laisserait plus prendre ses repas à 1' Ange bleu et qu il les lui offrirait dans un bon hôtel. Puis il déclara qu'il voulait d'ailleurs prendre ses repas avec elle, et qu'il lui offrirait non seulement les repas mais aussi une chambre au Swedischer Hof jusqu'à ce que son propre logement fût prêt à la recevoir. Il se précipitait avec une hâte enfantine sur toutes les occasions de la soustrajre à son entourage, de la rapprocher plus étroitement de lui, de 1 opposer au monde entier. Il pressait le tapissier de se hâter car il s'agissait de MUe Rosa Frclich. il menaçait l'ébéniste du mécontentement de MUe Fiolich et évoquait devant la hngère et le faïencier le goût délicat de Mlle Frolich. La ville appartenait à Mlle Frolich. Unrat achetait partout tout ce qui pouvait lui plaire et partout, indifférent aux regards désapprobateurs, il faisait retentir son nom. Toujours il arrivait chez elle chargé de paquets, toujours il se trouvait mille objets de la première importance dont il était également important qu'il les examinât, qu'il en parlât avec elle. Cette joyeuse activité faisait passer sur ses joues grises des taches rosées. Il dormait paisiblement la nuit et vivait des journées débordantes. Son seul souci était qu'elle ne sortit jamais avec lui. Il aurait voulu la promener dans la ville, lui faire connaître son empire, lui présenter ses sujets, la défendre contre les cabales. Il ne redoutait alors aucun soulèvement de 1 opinion. Il 1 aurait même volontiers provoquée. Mais elle avait justement une répétition ou bien elle se sentait fatiguée ou légèrement souffrante, ou bien encore Guste 1 avait fait enrager. Un jour, il fit une scène à ce sujet à la Kiepert. Il en ressortit qu'elle n avait pas vu Rosa Frolich de la journée. Unrat ne comprit pas. Elle eut un sourire qui en disait long. Il revint désemparé et Rosa Fr lich dut encore le payer de promesses. Son véritable objet était simple : elle estimait qu il était encore prématuré de se montrer avec lui. Si on la rencontrait publiquement à ses côtés, on essaierait — elle le prévoyait — de le dresser contre elle. Elle ne mesurait pas encore toute la force de son pouvoir et craignait les ragots qu il pourrait entendre sur son compte. Elle se tenait, oui. pour une personne plaisante, mais en fait chacun a un passé. Ce passé, certes, ne valait pas la peine qu'on en parlât, mais un homme qui avait des vues aussi sérieuses sur elle ne devait pas le connaître. Si les hommes avaient été plus raisonnables, combien la vie aurait été plus facile. Il aurait suffi de prendre son petit Unrat sous le menton et de lui dire simplement : • Eh bien! voilà! i Tandis qu il s'agissait maintenant de faire du boniment; et le pire était qu il pouvait s aviser de pensées idiotes, de s imaginer qu elle cherchait à rester à la maison pour se distraire sans lui, et Dieu sait que cela n'avait aucun fondement ! Elle était lasse de s'amuser et se réjouissait de prendre un peu de repos en compagnie de son vieil et comique Unrat qui la gâtait plus que personne ne l'avait jamais fait de sa vie et qui vraiment — parfois, pensive, elle l'observait longuement — était un type de premier ordre. La suspicion qu'elle redoutait était étrangère à Unrat; elle n'effleurait pas son esprit. D'autre part, elle aurait pu tranquillement à ses côtés, affronter les bavardages. Il était plus fort qu'elle ne croyait. Il surmontait les attaques dirigées contre elle sans même lui en parler. Le plus souvent cela arrivait à l'école. CHAPITRE XII Mû par un restant d'habitude il se rendit encore à son poste quoiqu il pressentit que 1 un de ses passages à 1 école serait le dernier. Les membres de l'enseignement étaient maintenant unanimement résolus à la défiance. Aussitôt que, chargé de cahiers à corriger, il apparaissait dans le vestiaire des professeurs, tout disparaissait soudain de la table, tout se cachait derrière des journaux. 75