La Revue du Cinema (1931)

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l'attendrissait. Elle se souvenait du respect qui lui était dû; mais elle n'allait pas au delà Pour atténuer la non-réussite de son sentiment, il lui arrivait de rassembler tous ses esprits pour la leçon de Grec. Unrat devenait tout rouge et tremblait de joie. Quand, pour la première fois, il ouvrit Homère et le lui fit lire — quand les sons bien-aimés jaillirent du visage bariolé de Rosa Frolich et tombèrent de ses charmantes lèvres fardées; alors son cœur battit. Il dut reprendre le livre et se ressaisir. Sa respiration demeurait haletante; il souleva de la table la petite main souple et toujours légèrement grasse de Rosa Frolich et lui dit que, pendant le temps qui lui restait à vivre, il n'était pas disposé à se séparer d'elle — ■ ne fût-ce que pour une heure. Il voulait l'épouser. Elle fit d'abord mine de pleurer, puis elle sourit avec émotion, appuya sa joue et se fit bercer contre son épaule. Le rythme berceur se transforma bientôt en saccades. Sa joie éclatait; elle arracha. Unrat de sa chaise et s'agita autour de lui. — Et je serai Mme Unrat. J'en ris aux larmes ! Le professeur et Mme Unrat — non Raat, s'il vous plaît, mesdames et messieurs. Et elle mimait aussitôt la dignité avec laquelle une femme du monde s'assied dans un fauteuil. Pendant une minute elle parla raisonnablement : elle voulait renoncer maintenant à son nouvel appartement; d'ailleurs la plupart des objets avaient été vendus. Elle voulait habiter avec Unrat et remettre sa maison à neuf. Puis, elle se calma, devint pensive et conclut pour finir : — Ce qui peut advenir de nous ! Comme il lui demandait si elle était heureuse, elle sourit simplement, l'air soucieux. Les jours suivants, elle ne lui parut jamais tout à fait à la page. Tout en s'en défendant énergiquement, elle avait souvent l'air préoccupé. Elle sortait fréquemment et montrait de l'impatience quand il voulait l'accompagner. Il en était frappé, mais ne trouvait pas le mot de cette énigme. Un jour, il passa devant un café au moment où elle en sortait. Au bout d'un instant pendant lequel ils cheminèrent silencieusement côte à côte, elle déclara, pleine de mystère : — Les choses ne sont pas toujours comme on croit. Ces paroles 1 inquiétèrent profondément. Mais elle refusa de s'expliquer davantage. Quelques jours plus tard, comme Unrat traversait, seul et désemparé, la Siebenbergerstrasse une enfant habillée de blanc trottina auprès de lui, et lui dit d'une petite voix pleurnicharde et naïve : ■ — Viens à la maison, Papa. Unrat s'arrêta ahuri et regarda la petite main gantée de blanc que l'enfant lui tendait. — Viens à la maison, Papa, répéta-t-elle. — Qu'est-ce que cela veut dire, demanda Unrat, et où habites-tu donc? — Là. Et elle désigna quelque chose derrière elle. Unrat regarda et, au coin de la rue, il aperçut Rosa Frôlich qui, sa petite tête penchée et câline, esquissait un geste timide de la main, comme pour s'excuser, implorer. Unrat, perplexe, remuait les mâchoires. Soudain, il comprit; et il prit simplement la petite main gantée de blanc qui se tendait toujours vers lui (1 ). Heinrich Mann. (Traduit de l'allemand par Lucienne Astruc.) (1) Nous ne publierons pas d'aulre fragment du Professeur Unrat, la fin du roman qui se termine par l'emprisonnement d'Unrat étant trop éloignée du dénouement du film. 80 Paris. — lmp. PAUL DUPONT (Cl.). — 2.1. ai. Le Gérant Robert Caby