La Revue du Cinema (1931)

Record Details:

Something wrong or inaccurate about this page? Let us Know!

Thanks for helping us continually improve the quality of the Lantern search engine for all of our users! We have millions of scanned pages, so user reports are incredibly helpful for us to identify places where we can improve and update the metadata.

Please describe the issue below, and click "Submit" to send your comments to our team! If you'd prefer, you can also send us an email to mhdl@commarts.wisc.edu with your comments.




We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.

Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.

L4 CENSURE CONTRE LE CINEMA par GEORGES ALTMAN III 15 « Nous ne sommes assurément pas des puritains et nous pensons que Paris ne serait plus Paris si demain disparaissaient cette fantaisie et cette liberté d'esprit qui en sont le charme. » ( Ami du Peuple, 18 décembre 1930.) Mais, tout de même, Paris ne serait plus Paris, la France ne serait pas la France, comme on dit dans la chanson, et les Français ne seraient plus les Français, si L'Age d'or avait pu poursuivre impunément sa carrière. « Voilà ce que des métèques, continuait la feuille, venus on ne sait trop d'où, proposent à l'admiration... L'Age d'or, l'âge d'ordure. » Et, par deux fois, dans la même diatribe, l'auteur prenait à témoins les « braves agents » du service d'ordre, les « braves pandores » qui gardaient la salle, et soudain mués en public averti du cinéma, susceptible de juger si L'Age d'or méritait ou non qu'on l'interdît. Les articles Ami du Peuple, Echo de Paris, Figaro, Liberté, qui préparèrent l'interdiction du film de Bunuel, les commentaires triomphaux qui, dans les mêmes feuilles, suivirent l'acte de censure, donnent le ton et montrent assez à quels impératifs la censure française est tenue d'obéir, sans, d'ailleurs, se faire longuement prier. La fantaisie et la liberté d'esprit bien parisiennes, dont parle l'Ami du Peuple? On sait quel cinéma elle nous donne et celui dont elle aide la censure à nous priver; c'est probablement aussi au nom de la lutte contre le cinémamétèque qu'on interdit totalement les films soviétiques, et qu'on châtre honteusement les films de Pabst. Cette liberté d'esprit se défend soigneusement de tout « corps étranger » qui viendrait ternir les pures qualités de la race. Le cinéma de la Liberté, de l'Echo de Paris et du Figaro, c'est le cinéma-mensonge, tel que nous l'offre, chaque semaine, l'écran français, avec son béat optimisme, sa platitude digestive, ses couchenes et ses vaudevilles éculés, qui sont toute la fantaisie française d'aujourd'hui, et qui permet de dire aux fournisseurs : « Nous ne sommes pas puritains... » Aussi la censure cinématographique, en France comme partout, organisme administrativement autonome, n'a-t-elle pas d existence libre et n'est-elle, en fait, nullement maîtresse de ses décisions. Née du (I) Voir la Revue du Cinéma du Ie* décembre 1930 el du Ier février 1931. 22