La Revue du Cinema (1931)

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avoir dans le Sud-ouest, dans le Centre, en Bretagne (1) ou en Normandie ! Il va naître, comme cela, avec la censure centrale de Paris, des îlots de censure dans toute la France. Avant même qu elle agisse, la censure, du fait de son existence, pèse lourdement sur le cinéma, dans tous ses domaines. Il est très difficile au metteur en scène qui travaille de ne pas avoir, en lui-même, la confuse idée d'une censure qui va peut-être « retravailler » son œuvre; toute création pure, tout élan libre sont ainsi viciés à leur racine, et nous savons des jeunes cinéastes qui se demandent avec une certaine angoisse s'ils maintiendront, d'eux-mêmes, tel passage, de crainte de le voir massacré plus tard par la commission. Ce n'est plus alors le souci de créer, mais celui de FAIRE PASSER qui intervient... On voit ainsi où le cinéma peut rouler... Censure préalable aussi, cette intervention de la firme ou de commanditaires qui demandent « amicalement » au metteur en scène de modifier dans tel sens le scénario ou la réalisation, qui, dans un film sur les chemins de fer, par exemple, exigeront que le cheminot marque nettement son dévouement à la Compagnie, et qu'il sauve, — payé d'un sourire et d'une maison de campagne, — la radieuse fille de l'ingénieur en chef... Censure préalable, le refus opposé par Hollywood à Eisenstein de tourner L'Or, de Cendrars, en lui proposant comme thème L'Homme que j'ai tué de M. Maurice Rostand... Et c'est là que nous retrouvons enfin le principe même de la censure au cinéma, d'une censure qui, méthodiquement, s'affirme contre le cinéma. Non seulement elle surveille et brime, mais elle arrive parfois à tuer dans l'œuf, suscitée et dominée par les forces qui la tiennent. Ce n'est pas par hasard que le cinéma mondial doit, de plus en plus, tenir compte de l'emprise catholique : interventions de l'archevêché en France qui aboutissent à faire mutiler La Passion de Jeanne d Arc, de Dreyer, et contribuent à faire interdire L Age d'or ; création de puissantes firmes catholiques qui éditent ou louent des films de propagande, qui surveillent, par leurs émissaires bien placés, la production générale. Le P. Friedrich Muckermann n'écrit-il pas dans la Katholische Film Korrespondenz : « Nous savons bien qu en ce qui concerne la cinématographie, surtout xi ses débuts, l on n'eut pas un sentiment de responsabilité suffisant en égard à ses effets artistiques et moraux. Nous savons que le péché originel du film a fait peser la malédiction sur lui pendant des dizaines d'années. Nous savons aussi que la marche vers la dissolution de toutes nos plus sacro-saintes traditions ne s'arrête même pas devant le film. » Une ample offensive, habile et systématique, s'est déclanchée depuis (1) En Bretagne, la plupart des salles (souvent d'ailleurs salles de patronages) sont exploitées régulièrement par des prêtres qui, invariablement, ARRANGENT les films selon Jeur propre conception de la morale. 30