La Revue du Cinema (1931)

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scène dramatique, presque tragique, avec cris et menace de mort. Il lui faudra aussi les réussir ces scènes, les réussir non seulement pour ses directeurs mais pour lui, car, dans la nuit, le décor R devra faire place au décor M. De toutes façons, son travail réclamera des heures supplémentaires ce soir car, si le mètre de pellicule que l'on a pris pour ESSAYER son décor avec son éclairage nouveau est agréé par le chef du développement, si le disque d'essai que l'on vient de prendre des voix d Ariette et de Duquesnay, à l'endroit où ils auront à jouer leur scène, le satisfait, lui, et satisfait aussi le technicien du son, le metteur en scène n arrive pas au bout de trois, quatre et même cinq répétitions à obtenir de Duquesnay le ton et le débit qu'il désire. Et à force de répéter, Ariette, qui jouait juste au début, commence à se fatiguer. Pourtant elle se lève toujours de sa chaise sans aucune affectation, paraît réellement accaparée par une idée de derrière la tête et joue très naturellement, tout en le laissant suffisamment paraître, la comédie à cet homme que logiquement le public s'attendra à voir gifler. Mais lui se montre incapable de prononcer comme il faudrait la phrase « Ariette... chaque fois que je vous vois... »; il devrait paraître un instant réellement ému par la fraîche beauté de celle dont il a fait le malheur au début du film ; or, il a seulement 1 air louche et sarcastique. Il faut dire que le metteur en scène a eu assez de mal à lui faire prendre cet air louche et cynique, à lui faire comprendre que son physique, assez bonhomme en dépit d une certaine brutalité, ne suffisait pas à établir son identité morale. Alors à présent le voilà incapable de montrer la moindre émotion, de laisser paraître la plus fugitive intention sympathique. A part ces difficultés de jeu, il se montre cependant assez docile, il a fini par prendre l'habitude de faire attention aux traits de craie qui marquent sur le sol les étapes successives de ses mouvements sans continuellement jeter des regards inquiets à terre. Il a réussi à contenir les élans de sa voix résonnante et ne plus prononcer les syllabes comme un prêtre en chaire. « Pensez toujours, lui a dit le metteur en scène pour le convaincre, que si je le demande à ces messieurs du son, un chuchotement de votre belle voix sonore sera entendu à la perfection par 10.000 oreilles!... » « Prenez garde, lui dit-il encore aujourd'hui, dites cette phrase plus bas, comme pour vous seul, et demeurez à peu près impassible, comme fasciné, tout mouvement du sourcil ou hochement de la tête serait désastreux. Tout au moins à cet instant », ajoute le metteur en scène pour ménager la susceptibilité de son interprète. Et cette fois, pour ne pas être influencé par son œil, le réalisateur va 1 écouter dans la cabine d'enregistrement et de contrôle du son (mixing-ROOm). Là, isolé de tous bruits parasites, les sons n'arrivent qu'au moyen du haut-parleur qui est relié au microphone et aux amplificateurs. Le MIXER (technicien du son) peut ainsi contrôler très exactement ce que recueille le microphone et qui est enregistré sur le film, et, à peu de choses près également, ce que le public entendra dans les salles (1). , Guettant la voix de son interprète devant le haut-parleur, le metteur en scène1 constate, ou croit constater, un progrès, mais ce n'est pas encore ça : « J avais bien raison de me méfier de cette phrase... » Mais ce n'est évidemment pas le moment (1) A peu de choses près, parce que les appareils de reproduction restituent moins de vibrations que les appareils d'enregistrement n'en captent (10 à 12.000) et que beaucoup de salles possèdent des équipement sonores de mauvaise qualité ou que, souvent, les opérateurs y soignent et y règlent mal leurs appareils. 36