La Revue du Cinema (1931)

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toujours arbitrairement. C'est ainsi qu'un spectateur qui aurait suivi successivement toutes les représentations de Napoléon à l'Opéra (été 1928) aurait vu 12 à 15 films largement différents les uns des autres, ou tout au moins monté, selon un rythme (?) analogue avec des images différentes. Personnellement je considère que, dès l'instant que dans une scène, une image peut sans danger en remplacer une autre, c'est que ni l'une ni l'autre n'est bonne ou que le découpage a été mal établi. Le metteur en scène capable de monter le mieux ses films est en France M. René Clair. Cela peut tout d'abord s'expliquer, pour qui l'observerait sans le connaître, par le fait qu'à la réalisation il suit toujours de très près, sans escapades lyriques, un découpage extrêmement précis et qu'il se réfère constamment en outre au montage qu'il imagine à l'avance. La précision et le rythme emballants de ses quadrilles du Fantôme du Moulin Rouge et du Chapeau de paille d'Italie viennent plus d'une connaissance exacte des divers mouvements, de leurs rapports entre eux et enfin du mouvement extérieur de toute la scène dans son ensemble que d'une plus ou moins vague exaltation musicale ou lyrique. Aussi ces quadrilles, pour prendre des exemples indiscutables, n'avaient pas l'air d'attractions de montage, d'exercices techniques plaqués pour jouer sur les nerfs des gens mais continuaient à servir 1 intérêt des films, sans que la mécanique prenne la place de l'imagination. Sans doute René Clair avait eu auparavant une inspiration et avait rêvé de la belle cadence d'un film décrivant un quadrille. Mais ça se passa probablement un jour qu'il se trouvait au Moulin Rouge ou qu'il en revenait. Il s'agissait, une fois l'hallucination passée, de déclancher sur un public non préparé un enthousiasme que lui-même pouvait ne pas retrouver dans la suite : il a donc fait un découpage que, plan par plan, il a pu suivre à la prise de vues en sachant où il allait. Le montage, j'en suis sûr, s'est fait de lui-même : il n'a été pour René Clair que 1 occasion de perfectionner le mouvement extérieur du quadrille, de modifier, de corriger par la longueur des différentes images les transformations que la réalisation avait pu apporter entre ce qu'il avait primitivement conçu et ce qu'il trouvait sur la pellicule. Le montage ne doit pas prétexter ou excuser l'introduction au dernier moment de folles extravagances au milieu d'un film, sans crainte de le déséquilibrer. Toute la bande doit être montée avec la même précision que la scène la plus difficile, la plus mouvementée, la plus enchevêtrée. Mais le cas René Clair est exceptionnel, on ne peut, à mon avis, être à la fois un bon découpeur, un bon metteur en scène et un bon monteur. Il y a toujours une ou deux de ces trois choses qu'un réalisateur préfère faire et qu'il fait mieux (déjà M. Clair est meilleur monteur et découpeur que directeur d acteurs). C est pourquoi à Hollywood ces trois sortes de travaux sont confiés d'une façon générale à trois personnes différentes, surtout le montage qui est confié à un EDITOR. Il a souvent paru surprenant et injuste aux gens de cinéma européens qu'un metteur en scène accepte de laisser un tiers — le plus souvent une femme d'ailleurs — choisir dans ses images et les arranger à sa façon. Dans l'organisation du cinéma américain, on considère en principe que les images ne sont utiles que pour servir 1 action et ne doivent pas durer plus longtemps que la compréhension de l'histoire ne l'exige. Les plus beaux exemples actuellement visibles de cette méthode:: ont Jimmy le Mystérieux et Quartier chinois. Ce travail est évidemment accompli avec beaucoup plus de netteté et de lucidité par une personne qu! ne connaît pas chaque repli de l'histoire par cœur et qui est par avance à l'abri des raisons souvent fausses (goût personnel, prix de l'effort, sentiment de la valeur du travail) pour lesquelles un metteur en scène reste attaché aux images. D'ailleurs il est bien rare qu'à la fin de son montage, le metteur en 38