La Revue du Cinema (1931)

Record Details:

Something wrong or inaccurate about this page? Let us Know!

Thanks for helping us continually improve the quality of the Lantern search engine for all of our users! We have millions of scanned pages, so user reports are incredibly helpful for us to identify places where we can improve and update the metadata.

Please describe the issue below, and click "Submit" to send your comments to our team! If you'd prefer, you can also send us an email to mhdl@commarts.wisc.edu with your comments.




We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.

Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.

Tout le monde à Merida est propriétaire d'une hacienda, et personne ne connaît d'autre manière de gagner de l'argent. Les Indiens cultivent le henequen, récoltent la fibre, et le propriétaire la vend ou ne la vend pas. Pour circuler à l'intérieur du pays, il est un petit chemin de fer en forme de rétrospective, et tout le long de la voie, dans la brousse, viennent à sa rencontre de petits chars à bancs sur rails Decauville, tirés par des mules. Le réseau formé par ces jouets privés permet de se rendre dans tout le pays en logeant au hasard des fermes hospitalières. Nous commençâmes à tourner dans un village indien en pleine brousse. J'avais emporté moustiquaires et hamacs et lorsque j'y tombai le soir après le coucher du soleil je m'endormais aussitôt. Le travail était difficile, la plaine, et jusque dans les maisons, habitée de serpents. Un matin, en sortant je faillis marcher sur un boa le prenant pour un tuyau, un soir je tuai un serpent à sonnettes sous mon hamac; enfin, un jour pendant une scène, je posai près de moi stylo et cahier pour aller modifier l'attitude d'un Indien. Lorsque je revins un serpent jade était enroulé autour de mes papiers et balançait sa tête. Nous vivions dans des nuages de moustiques et ils me piquaient avec acharnement. Deux fois par jour, il fallait prendre de la quinine. Des bêtes très désagréables étaient les chiques ou karapates qui entrent dans la peau. Les Indiens les retirent avec beaucoup d'adresse et cela laisse un petit trou. Les prises de vues étaient sans cesse interrompues avec des rires par l'arrivée d'un scorpion ou d'une tarentule, ces grosses araignées velues dont la piqûre est mortelle. Il fallait recommencer la pose, et si l'on tient compte que nous "tournions des Indiens qui fuyaient au premier abord devant l'appareil, et ne comprenaient pas l'espagnol, on aura une idée des trésors de patience qu'il fallait déployer. Entre les prises de vues, je travaillais à me documenter sur des coutumes inconnues, à en vérifier d'autres apprises dans les livres. J'essayai de surprendre une scène pittoresque, le pourquoi d'un usage étonnant. Peu à peu, je connaissai toute cette vie des Mayas dont les ancêtres construisirent des monuments et des villes parmi les plus beaux du monde. Je pus filmer leurs petites industries : comment ils taillent les calebasses ou tissent la fibre. Je réussis à filmer un mariage et un accouchement : la femme est pendue par les poignets au toit de la case, et cela ne lui permet ni de s'étendre ni de s'accroupir. La chaleur était intolérable. A Mexico, déjà, l'on m'avait avertie de la quasiîmpossibihté de demeurer au Yucatan l'été, à plus forte raison d'y travailler. Nous étouffions dans un orage permanent qui n'éclatait jamais. A l'endroit où nous tournions au soleil, entre six écrans, il faisait 55 degrés. Nous y restions sept heures par jour. J'avais loué des boys pour aider au transport du matériel, mais leur ignorance, leur paresse et leur incompréhension les rendait souvent inutilisables. Pour ne pas perdre de temps, je m'emparais des écrans, des accumulateurs ou des accessoires et préférais les déplacer moi-même. Les accumulateurs seuls pesaient vingt kilos. Lorsque la lumière baissait, je partais à cheval le long des sentiers, et rentrais au galop à l'heure où dans la nuit s'allumaient par milliers des lucioles, qui durant quelques heures nous entouraient d'une féerie lumineuse. 46