La Revue du Cinema (1931)

Record Details:

Something wrong or inaccurate about this page? Let us Know!

Thanks for helping us continually improve the quality of the Lantern search engine for all of our users! We have millions of scanned pages, so user reports are incredibly helpful for us to identify places where we can improve and update the metadata.

Please describe the issue below, and click "Submit" to send your comments to our team! If you'd prefer, you can also send us an email to mhdl@commarts.wisc.edu with your comments.




We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.

Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.

passe en jugement. Très impressionné, il commence à débiter la leçon, mais 1 émotion lui en fait perdre le fil et soudain il se croit devant le conseil d administration de sa Société. La barre où il •s'appuie se transforme en un guéridon avec un verre d eau. Le bureau des juges se couvre d'un large drap vert. Le président, un communiste hirsute avec un revolver à portée de la main, devient un respectable gentleman à la barbe soignée qui joue négligemment de son monocle. Et Mr. West, très à l'aise, explique avec un bluff très spontané les beaux résultats dus à la rationalisation intensive de son usine. Protozanoff continue la tradition des films satiriques. Son premier fut Aélita, d'après le roman d'A. Tolstoï dont l'action se déroule sur la planète Mars et en URSS vers 1920. Cette réalisation marque une date dans l'emploi du monumental au cinéma soviétique. On y voit un agent de propagande chercher des adeptes sur Mars. (Prolétaires de toutes les planètes, unissez-vous.) Puis vinrent « Le tailleur de Torjok , comédie de mœurs contemporaires. Le garçon du restaurant qui tint l'affiche huit semaines dans le plus grand cinéma de Moscou, la réalisation d une série de nouvelles de Tchékhov et enfin Don Diégo et Pélagie qui est une satire de la bureaucratie russe. Protozanoff a produit en outre un film policier Le dossieT n° 5839 et deux films sur des épisodes de la Révolution, Son appel et L'Aigle blanc, avec Anna Stenn. Dans Le Procès des trois millions nous sommes reportés aux années de la Nep (Nouvelle politique économique). Un vagabond s'est arrêté devant le décret affiché sur les murs de Moscou portant à la connaissance de la population que le commerce privé est autorisé à nouveau. Aussitôt l'idée de pouvoir enfin faire fortune le pousse chez son vieil ami Isaac qui, de son côté, vient de reprendre le métier de marchand d habits ambulant. Après avoir tenu conseil, ils décident de fonder la Société pour la régénération des vieux complets , au capital de trois millions de roubles. Ils embauchent une vingtaine de vagabonds, les arment de pelles et de pioches et les mènent à un terrain vague pour y creuser les fondations de la future usine. Puis, choisissant dans le stock d Isaac deux redingotes à peu près sortables, s'en affublent et partent à la recherche des trois millions. Tout d'abord ils se présentent chez le Président de la Société Textile. Ils lui montrent la concurrence que fera leur industrie à celle des vêtements neufs et reçoivent de lui une grosse somme d argent, moyennant quoi ils s'engagent à ne jamais régénérer les complets de couleur noire ou bleue. Leur visite suivante est pour le Bureau d Enregistrement des Sociétés, où, soudoyant à peu près tout le monde depuis le garçon de bureau jusqu au directeur, ils font adjuger à leur firme le soin de la remise à neuf des vêtements de tous les fonctionnaires. Ils vont ensuite voir divers capitalistes, à chacun desquels ils font souscrire la dernière tranche de 10.000 roubles restant disponible , en leur vantant surtout l'importance de leur usine sur le point d ouvrir. Tous les soirs, enfin, ils font la noce dans les lieux de plaisir de Moscou et le gérant glisse le nom des joyeux fêtards à l'oreille de 1 élégante assistance. La Société est ainsi lancée. Les travaux de 1 usine avancent, c'est à-dire que l'on continue à retourner la terre, sur un espace plus grand. Les bureaux sont luxueusement installés dans un immeuble neuf. Mais Isaac s'avise qu il manque la matière première, en 1 espèce les vieux habits. Après un essai d'entente avec un de ses anciens collègues, il décide de faire les achats lui-même, revêtu de sa vieille défroque. Mais la Justice commence à s'inquiéter. Leurs agissements au Bureau d'Enregistrement des Sociétés sont dévoilés. On enquête sur les trois millions de capital. Enfin leur arrestation est décidée. Prévenus par un fonctionnaire à leur service, ils remettent leurs vieux habits et prennent la fuite. On les juge par contumace dans un procès solennel. La Nep est abolie, la prétendue libre concurrence ne conduisant en réalité qu aux plus immorales collusions, qu à des tripotages dont le consommateur est finalement loujours la victime. Ce film a permis à Protozanoff de déployer une verve vigoureuse et un sens très aigu des situations comiques. Les acteurs, dans l'ensemble excellents, sont presque tous élèves du Conservatoire cinématographique de Moscou. G.-L. George. AOTE |SUR LE FILM ITALIEN En traversant Milan il y a quelques semaines, j'aperçus sur les murs des constructions neuves et abandonnées et sur des palissades, d'immenses affiches qui annonçaient une superproduction, le « chef-d œuvre du cinéma italien ». Je ne puis malheureusement me souvenir des superlatifs qui accompagnaient cette annonce. Ils n'influèrent d ailleurs en rien sur ma décision de voir ce film, décision que la curiosité seule avait déclanché. 76