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Chariot n'avait encore jamais vu une forêt aussi belle. Le soleil la couronnait.
Le petit vagabond s'approcha avec respect des troncs dix fois plus gros que lui à l'ombre desquels des petites plantes vertes et bleues poussaient. La lumière qui tournait autour des arbres, qui grimpait aux branches, éclairait les fleurs jailhes d'un buisson.
Chariot s'approchait à pas lents du grand mystère végétal. Il humait les odeurs qui montaient du sol et dégringolaient des plus hautes futaies. Il ralentit ses pas pour ne pas troubler le silence énorme de la forêt.
Au loin on ne savait quel étrange mouvement secouait le sommet des arbres. A chaque pas un miracle se produisait. C'était tantôt un oiseau qui s'envolait silencieusement, tantôt un cri qui déchirait le calme, tantôt une fleur plus rouge qui arrêtait le regard du petit.
Fatigué, écrasé par cette magnificence, Chariot s'assit. Des insectes discrets se hâtaient vers une besogne obscure. Chariot se pencha et vit un peuple de fourmis qui grouillait autour d'un trou. Les unes portaient des fardeaux plus gros qu'elles, d'autres poussaient, d'autres en sens inverse, couraient vers un trésor aperçu.
Longtemps Chariot les observa.
Puis il cueillit un fruit, car il avait faim. Il reprit sa course, écartant les branches. Il ne savait quelle direction choisir. Mais un bruit minuscule, peut-être le son d'une clochette d'argent, l'appela. Le bruit augmentait et réclamait.
Il avança et il lui semblait que les sons venaient à sa rencontre : l'herbe était plus verte et les arbres plus vigoureux. Il aperçut bientôt, jaillissant d'un rocher, une source qui chantait. Près d'elle s'étaient assemblés des oiseaux.
Chariot se pencha et but comme l'on boit aux fontaines. Il n'avait jamais encore assisté au jaillissement d'une source.
Il écouta. Il vit. Des miracles naissaient. Il y eut la pluie, le vent, la lumière, les sourires, la nuit, la lune, les rayons du soleil, les chansons des oiseaux, la gaieté, une surprise, des vols, des salutations, la chaleur succédant à la fraîcheur, il y eut tous les reflets du monde.
Chariot regardait avidement le spectacle que nourrissait la source. Il se penchait vers elle. Parfois il levait la tête et considérait la forêt. Elle s'étalait tout entière devant ses yeux, mollement inclinée le long d'une colline. Et tantôt elle était une brume, tantôt elle se gonflait de verdure sombre, puis elle flambait et parfois encore elle s'assombrissait et devenait un souvenir.
Chariot reconnut le printemps, l'été, il reconnut aussi l'automne et l'hiver.
Il attendait. Personne ne venait. Il était tout seul au milieu de la forêt et le temps fuyait. Chariot ne se lassait pas de regarder l'eau couler.
Il crut que quelques minutes et quelques gouttes s'étaient écoulées.
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