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POUR UNE REFORME DE LA CENSURE
par ROBERT KIEFÊ
Le fonctionnement de la censure des films cinématographiques a provoqué à maintes reprises, et à juste titre, de très vives protestations, tant en France qu'à l'étranger.
Parmi les manifestations récentes, il convient de citer :
1° Celle du 2° Congrès de Bruxelles du Cinéma indépendant qui vota une motion invitant ses adhérents « à prendre contre les censures ouvertes ou déguisées une attitude résolument combattive »;
2° La déclaration signée par des hommes de lettres, des peintres et des auteurs dramatiques connus sur la proposition de M. Francis Jourdain et à la suite de l'interdiction par la censure de quelques brefs documentaires (Théâtre Art et Action);
3° La motion votée à 1 unanimité par les spectateurs présents à la séance du 30 avril 1930 de la Tribune Libre du Cinéma;
4° La motion suivante votée par la dernière assemblée de l'Association Amicale de la Critique cinématographique :
« Réunie en Assemblée générale le 18 octobre 1930, l'Association amicale de la Critique cinématographique décide de s'élever contre le principe de la censure et contre la façon dont elle est actuellement appliquée au cinéma. Elle demande pour le Cinéma le régime du droit commun et donne mandat à M. Charensol de saisir de cette grave question la Commission du Cinéma à la Chambre. »
5° Enfin, l'enquête faite par la Revue Cinémonde, qui conclut « à une suppression complète et absolue de la censure politique, le contrôle ne devant s exercer absolument que du point de vue de la moralité publique et des bonnes mœurs ».
Il est certain que la censure cinématographique ne peut, en aucune façon, se justifier; dans tous les pays démocratiques, la presse, le théâtre et les livres ne sont soumis à aucun contrôle. Pourquoi n'en est-il pas ainsi pour le cinéma?
« A cause de la grande diffusion à laquelle se prête le film », a répondu M. Paul Ginisty, président de la Commission de Contrôle française dans une interview publiée dans Cinémonde.
Cet argument ne nous paraît nullement convaincant : les grands journaux quotidiens ont certainement une diffusion plus grande encore que n importe quel film.
Le 2e Congrès du « Cinéma Indépendant » a donc fort bien fait de prononcer, en termes nets, la condamnation de principe de la censure cinématographique.
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