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Sachant aussi que le contrôle des arrivants à l'île de Ré serait surveillé, je résolus de partir avec un jour d'avance et d'emballer mon matériel de prise de vues dans une caisse afin de le mettre aux bagages. Ceci contrairement aux habitudes, car un reporter ciné ne se sépare jamais de ses appareils.
Départ à Montparnasse le soir et arrivée le lendemain matin à la première heure à La Rochelle, en assez nombreuse compagnie se rendant à Saint-Martinde-Ré en « touristes » (qu'ils disaient). A la Rochelle rencontre avec Aveline, collègue photographe du Wid World; nous décidons de prendre une voiture pour aller à La Palice, où nous arrivons avant le petit train faisant le service par un temps gris sale peu encourageant pour le lendemain.
Sur le quai attendent en faisant les cent pas les surveillants du pénitencier de Saint-Laurent-du-Maroni qui accompagneront le convoi sur le La Martinière. Leurs tenues bleues claires tranchent avec les aspirants surveillants qui eux, en civil, chapeaux, casquettes, sont sanglés de courroies avec le revolver chargé au côté. Je surveille le transit de ma caisse, qui doit être embarquée sur le petit bateau pour Saint-Martin-de-Ré, elle attire l'attention étant seule comme bagage, mais sans autre importance.
Petite traversée jusqu'à Sablanceaux sous une pluie fine mais serrée; là embarquement à nouveau sur un petit train local pour Saint-Martin, où nous arrivons à 10 h. 1/2, et la descente du train s'effectue sur une petite place en présence d'un gendarme et d'un douanier de service, qui, sous leur air débonnaire, ne laissent passer aucun paquet ou valise sans y porter un intérêt inquiétant. Mais quand ma caisse, marquée FRAGILE sur toutes ses faces arrive au magasin des bagages elle leur semble bizarre; je me rends compte que pour la retirer il faudra prendre toutes les précautions nécessaires.
Maintenant il faut se mettre en campagne afin de trouver l'emplacement discret pour opérer et surtout ne pas se faire repérer. Avec Aveline nous visitons toutes les maisons sur le quai faisant face à l'embarquement, et nous remarquons une maison abandonnée assez favorablement située. C'est là que nous nous installerons. Vers 6 heures du soir, la nuit tombée, je trouve un vieux pêcheur qui moyennant une bonne gratification se charge, avec un petit sourire entendu, de prendre ma fameuse caisse à la consigne et de la mener à la maison abandonnée. Tout se passe sans attirer l'attention et nous dissimulons la caisse sous de vieux matériaux.
Me voici tranquille pour ce soir, je puis dîner avec les journalistes, parisiens et provinciaux, qui nous racontent les histoires qu'ils ont vécues depuis plusieurs jours et dont certaines sont bien navrantes. Quand tout à coup un gendarme entre dans la salle, se dirige vers le patron de l'hôtel et lui demande s'il n a pas comme client un opérateur de cinéma, car disait-il, il y avait une caisse contenant certainement un appareil de cinéma qui avait été retirée de la consigne et il en cherchait le propriétaire. Le patron de l'hôtel ignorant ma qualité, car je n'avais pas encore rempli ma feuille de police, assura qu'il n'avait chez lui que des journalistes. Le gendarme consulta la liste des voyageurs, nous regarda tous et se retira.
Cela ne s'annonçait pas très bien pour le lendemain, et à 10 heures du soir j'allais faire un tour pour m'assurer que ma caisse était toujours là.
Le lendemain matin à 7 heures nous étions à notre poste, le départ devait avoir lieu vers les 2 heures, je ménageais dans la persienne de la fenêtre une ouverture en y enlevant une lamelle qui pouvait se replacer à volonté de façon à ne la dévoiler qu'à la dernière minute; ce n'était pas très aisé de tourner par une si petite ouverture, mais il ne fallait'risquer rien de plus sous peine de se faire prendre. Une fois ce travail terminé, quoi faire? Il faisait dans ce château des courants d air, un froid
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