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La Revue du Cinema (1931)

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et s installe confortablement à 1 une des fenêtres du couloir conduisant dans les W. C. où j'étais caché. Tout le service d'ordre était déjà placé autour de la guillotine : gendarmes, soldats, officiers, commissaires spéciaux, etc. L'opérateur fut vite aperçu; immédiatement interpellé, il fait 1 imbécile; un commissaire flanqué de deux agents montent précipitamment près de lui, les pourparlers reprennent et s'enveniment, car mon type voulait à tout prix filmer. Comme cela se passait deux ou trois minutes avant les exécutions, je vous assure que le commissaire s'énervait de plus en plus, surtout devant l'entêtement calme de mon employé. Brusquement, j entendis à travers la porte de ma cachette, le remue-ménage produit par un individu que l'on « embarque » de force, et, pour éviter le retour d'un second opérateur, le commissaire fit fermer les fenêtres du couloir et laissa un agent de garde... Douce sollicitude de ce charmant fonctionnaire... Ainsi j étais certain de ne plus être dérangé. Il était temps, un commandement bref de présenter arme, la porte de la prison s ouvre, le premier condamné affreusement pâle avance. Afin de mettre toutes es chances de mon côté, j'attends l'exécution de celui-ci, et je ne commence à tourner que lorsque le second condamné apparaît, car à ce moment, gardes, soldats commissaires sont suffisamment émus pour ne regarder que la machine. Je vous assure qu ils ne pensaient plus au Cinéma... Tandis que moi je tourne, je tourne... j'ai enfin mon <« exécution capitale » le troisième condamné bascule sur la machine... c'est fini: j ai filmé les deux derniers et je dois avouer que le désir de réussir l'a emporté sur 1 horreur du spectacle, et de tous les assistants, je suis le seul à avoir le sourire. Maintenant, même si 1 on me découvre et que 1 on me demande le film que je viens de prendre, je donnerai après de nombreuses réticences, le film vierge que je n'ai pas utilisé, personne ne pourra s'en apercevoir, car soldats, gendarmes et commissaires ne connaissent rien au cinéma. Toujours dans mon petit coin, j'attends encore dix minutes que l agent de garde s'en aille, puis à mon tour, tranquillement, je reprends ma valise... Après avoir développé le film dans un bain * foudroyant I et l'avoir passé au renforçateur, je l'ai conservé précieusement, car c'est un document unique, à ma connaissance il n existe pas en France un film représentant une double exécution capitale comme celui-ci; du reste un de nos plus grands metteur en scène est sur le point de m acheter ce document pour l incorporer dans une grande production mondiale. Lucien Hayer. 41