La Revue du Cinema (1931)

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Je plaisante les routines et les ficelles qui président à la réalisation des films, mais c est seulement 1 abus ou le mauvais usage qu'on en fait qui doit être condamné. Une société qui produit 30, 20 ou seulement 6 films par an est obligée d'avoir une méthode, une politique de production. Car elle engage des capitaux considérables et dépense obligatoirement d'énormes sommes en frais généraux. Un producteur de films est un industriel, pas un mécène, pas un artiste. Il ne me serait pas très difficile de faire le procès des producteurs américains les plus célèbres, de les ridiculiser au milieu de ces lignes en citant les plus belles de leurs gaffes, de leurs décisions arbitraires, sauvages, absurdes ou ignobles. Je ne le ferai pas parce que nous avons surtout à nous occuper du cinéma français et que les producteurs français ont non seulement également prononcé des paroles suffisamment fortes pour affirmer irrémédiablement leur mollesse, leur ignorance, leur incompréhension du métier qu ils exercent, mais se sont aussi montrés presque complètement incapables de faire marcher leur maison sans perdre des millions par couples, par dizaines ou par centaines (sic). Les présidents des compagnies américaines ont au moins le mérite (ou l'excuse) d'accuser chaque année des bénéfices qui leur permettent de progresser. Ils sont peut-être louches mais on peut dire d'eux qu ils aiment leur métier, qu ils croient à ce qu'ils font, qu'ils savent organiser leur travail et qu'ils arrivent d'une façcn ou d une autre à fabriquer de beaux films. La plupart des professionnels du cinéma français détestent, méprisent le cinéma américain et en dénoncent volontiers les artifices. L'absence d'artifices dans les films français est beaucoup plus gênante. C'est le perfectionnement de la qualité des artifices qui a fait du théâtre des Boulevards ce divertissement universellement goûté. Nous ne l'aimons pas, mais nous devons reconnaître qu'il existe et qu'il est la seule classe de spectacle qui puisse être comparée, par son organisation, son fonctionnement, ses ruses et sa mise au point, au cinéma américain. Mais nous sommes nés trop tard pour aimer le Théâtre du Boulevard. Le Théâtre du Boulevard est vieux, poussiéreux, il vit très habilement de souvenirs et de routines, alors que nous avons appris à lire, à vivre dans les images des films américains qui nous ont fait voir les choses les plus émouvantes et les plus folles que l'on puisse voir. Il serait insensé de rabaisser le cinéma américain parce que ceux qui le dirigent ont pu établir des graphiques sur la valeur commerciale de tel sentiment utilisé dans telle situation avec tel genre d'acteur. C'est tout de même mieux que de décider à l'aveuglette eu suivant son goût, son petit bon-goût ou ses superstitions. Le charme d'un film, pour être ce phénomène magique dont nous nous sommes plu à parler avec tant de lyrisme, dépend beaucoup de la malice et de la science des sorciers. Les « éditeurs » américains savent le tort que dix, voire même cinq, images de trop ou de moins dans un plan peut faire à la valeur d'expression d'une scène. Ils sont peut-être d'affreux fonctionnaires des ciseaux, pleins de vieilles formules apprises, mais c est le résultat seul qui compte et il faut leur savoir gré de contribuer au perfectionnement du film auquel ils collaborent, dans la même mesure que le metteur en scène, le chef opérateur, l'ingénieur du son, le producteur, le costumier, les électriciens. C'est cette merveilleuse combinaison d'hommes de métier qui savent travailler ensemble qui permet aux Américains d'obtenir ces films qui coulent comme de 1 eau pure. Combien de fois n'avons-nous pas entendu dire dans des discours corporatifs plus ou moins lourds de pathos publicitaire qu'on arriverait à la perfection à l'écran en alliant le goût français avec la technique américaine; en langage clair : en mettant au service du fameux vieux fond classique traditionnel dont le cinéma 46