La Revue du Cinema (1931)

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merveilleuse chance, existé à la connaissance de feu Murnau, il aurait fallu, pour obtenir une impression inquiétante analogue, construire un décor qui aurait coûté très cher. En général les producteurs ne regardent pas à la dépense, mais ils ne savent pas leur métier. Si les gens dont ils doivent pouvoir contrôler le travail se trompent, ils ignorent où et comment ils se sont trompés. Ils n'arriveront pas à deviner, ni ensuite à comprendre qu'un film par exemple est raté à cause de la présence d une vedette, parce que c'est justement en se référant au nom et à la réputation de la dite vedette qu'il se sont décidés à produire le film. Ils ne savent critiquer ceux qui leur font gagner ou perdre de l'argent (les metteurs en scène) que sur de petits points dont ils ne devraient pas avoir à s'occuper. Un producteur ne devrait se reconnaître le droit de chicaner sur un gros plan ou une phrase que s'il savait de son côté gérer avec lucidité son capital et surveiller habilement sa comptabilité. Mais il ne peut se retenir de jouer à l'artiste. Si, ayant trop à faire, il prend un directeur de production, c'est plus souvent un homme de paille, un garde-chiourme, un espion qu un type capable de juger l'œuvre des metteurs en scène, d'administrer la production et de donner des directives utiles. Tout ça pour en arriver à la présentation d'Ariette au public. Le montage de ce film une fois terminé, on va chercher à le sortir. On va donc le présenter au directeur de l'exploitation des théâtres de la compagnie et à son état-major. Ce sont des gens qui connaissent la valeur d'un film, qui sont dans le métier depuis dix ans, qui en ont vu de toutes les couleurs et qui ne se trompent jamais, car ILS CONNAISSENT LE GOUT DU PUBLIC ! Evidemment, ils ont une certaine expérience, ils ont dans la tête les titres des films qui ont rapporté du 300 %, ceux qui ont fait tant bien que mal leurs frais, ceux qu'on a dû retirer de l'affiche au bout d'une semaine. De même qu'on pardonnerait beaucoup au producteur s'il était un de ces hommes habiles et redoutables qu'on est forcé d'admirer pour une raison ou pour une autre, le metteur en scène serait sans doute très heureux de profiter de leurs conseils si, dès leurs premières paroles, il ne sentait pas qu'il a affaire à des ennemis, à de redoutables fonctionnaires qui entendent être maîtres dans leur service et essayent de dominer les autres branches, car n'est-ce pas par leur service que rentre l'argent? on peut immédiatement leur répondre que, sans films bons ou mauvais, les salles qu'ils gèrent pourraient fermer leurs portes. Sachant mesurer l'importance de leur situation, ils ont appris à penser et aiment à parler « d'art » comme d'une chose dent ils n'ont malheureusement pas le droit de s'occuper. Car ils n'arriveront jamais à comprendre que dans le cycle de la vie d un film, ils doivent collaborer pour une large part dans l'art de la production en faisant preuve de générosité, d'intelligence professionnelle, de ruse et de talent. Il leur est beaucoup plus facile de trancher la question avec le répertoire de phrases suivant : — Pas mauvais pour les boulevards, mais à diminuer de moitié pour les quartiers. — Trop dur, beaucoup trop dur pour le public. — Joli, mais effarouchera la province. — Trop long. — Trop rapide, manque de sentiment. Ou encore avec un sourire de complicité intellectuelle : — Votre film est magnifique mon cher, c'est ce qui me désole, il est beaucoup trop beau pour être compris par le public. Il faut d'ailleurs ne pas oublier que les films qu'on leur présente, qu'ils sortent 48