La Revue du Cinema (1931)

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Hollywood, on peut toute sa vie garder son rang si l'on se cantonne habilement dans l'incessant perfectionnement d'un personnage de second plan toujours utile. Si l'on est prudent, on peut même arriver, sans en avoir l'air, à se faire une fortune plus considérable que celle de bien des grands noms. Gloria Swanson a joué un jeu beaucoup plus hasardeux. Elle a voulu être la reine, elle l a été; elle a essayé d'être une reine libre, elle y est presque parvenue; mais maintenant elle a trop d'ennemis; trop de gens veulent lui prouver, ou se prouver à eux-mêmes, qu'ils ne la craignent plus, qu elle est moins dangereuse. Depuis qu'elle a sa propre compagnie, qu'elle produit les films qu'elle veut, sa vie — cette vie si sympathique, si indépendante, si peu prudente et si peu bourgeoise — fut troublée par les plus décourageantes complications. Sunya ne fut pas un énorme succès, le très beau Sadie Thompson fut abîmé par la censure. Queen Kelly, pour lequel le désaccord de Stroheim — metteur en scène et de Swanson — star coûta 750.000 dollars, ne sortira jamais. Et à présent, après The Trespasser, son What a Widovûl ignoblement boycotté, risque, en dépit de ses qualités évidentes, de ne pas résister aux attaques d une de ces campagnes hypocrites qu'on organise si facilement aux États-Unis. Une presse achetée regrette insidieusement le déclin de la femme-la-mieux-habillée-du-monde, s'étonne que sa comédie soit à la fois si luxueuse et si vulgaire; les moins vendus se contentent d'espérer que ce sera mieux la prochaine fois, admettant juste qu'il y a quelques bons moments dans cette farce. Si j'ai toujours aimé la personnalité brillante et remarquable de Gloria Swanson, un certain nombre de ses rôles m ont déplu et j ai craint plus d'une fois qu elle sombre dans l'académisme des grands personnages historiques et littéraires. Mais elle est de cette race de femmes qui savent repousser les dangers qu'elles ont appelés parce qu'elles ne les craignent pas. Gloria Swanson — elle le prouve chaque jour depuis plus de quinze ans — est une femme terriblement forte. Si des gens sont arrivés à douter d elle, ils seront reconquis par la grâce irrésistible qu'elle déploie dans What a ÏVidow ! cette si amusante histoire, aussi follement animée et aussi pleine de gags étincelants qu une de ces vieilles comédies Mack Sennett dans lesquelles elle brillait naguère. La comédie est simple : veuve tôt dans sa vie, Tamarind (« Tarn ») Brook a cinq millions de dollars à dépenser : elle part pour Pans, voulant mener une vie différente. Sur le bateau, dans le train, dans les salons parisiens, elle rencontre une belle série d hommes disponibles qui voudraient tous se rendre maître de sa beauté et de son charme. Apparemment, après avoir vu Gloria en jeune veuve, il semble impossible de trouver chez une femme une humeur plus fraîche, une gaîté plus touchante, un naturel plus attirant. Qu'elle paraisse, suivant la situation, une pauvre petite femme qui perd la tête ou une personne habile, consciente des ruses masculines; qu'elle soit amoureuse, déçue, embarrassée, ridicule, elle est menée îndéfectiblement par son précieux sens de 1 humour, par cette incomparable compréhension d'elle-même qui lui permettent de mettre en valeur avec la même aisance imposante ses défauts autant que ses qualités. Gloria Swanson est la femme qui sait rendre séduisants des défauts notoires, qui est capable de ne perdre absolument rien de son charme en apparaissant fichue comme l as de pique, grotesque, navrante; ou encore, ivre, de chanter une petite chanson drôle avec des hoquets on ne peut plus gracieux. La façon dont elle s'est servi des chansons dans ce film, pour notre joie et au profit de son magnifique talent, est d'ailleurs une étonnante preuve de sa maîtrise : elle chante la première, à bord de I Ile-de-France, en tête à tête avec Owen Moore et pour séduire cet homme quelle finira par épouser; sa voix est toujours aussi agréable mais nous sommes loin du trop achevé bel canto de The 62