La Revue du Cinema (1931)

de Trader Horn) va de nouveau faire un film dans les Iles du Pacifique. Raquel Torrès, dont on se souvient aussi depuis Ombres blanches sera l'héroïne de l'histoire qu'on s efforce de faire aussi dénuée d artifices qu il est possible. John Gilbert dont les débuts dans le film parlant ne furent pas des plus heureux jouit actuellement d'un regain de popularité. Son avant-dernier film Way for a Sailor fut bien accueilli. Joan Crawford en était 1 héroïne. La curiosité du public était d'ailleurs piquée à 1 idée de voir Jim Tilly, un écrivain américain de grand talent, avec lequel John Gilbert avait eu une violente altercation dans un restaurant, jouer aux côtés de son ancien adversaire. Le dernier film de Gilbert, Gentleman s Fate, fut mis en scène par Mervyn Le Roy, un des plus jeunes metteurs en scène de M-G-M. C'est une histoire de « racketeering » (une anecdote ayant lieu dans les milieux apaches genre Chicago) au rythme rapide. John Gilbert débarrassé de la suavité de ses rôles d homme du monde a de sérieuses chances de survivre et de plaire à nouveau au public américain. Il tournera d ici peu Chéri-Bibi, un film où nous le verrons enrôlé dans les cadres de la légion étrangère. De nombreuses vues documentaires de Si-Bel-Abbès, des avant-postes solitaires et des durs travaux exécutés par les légionnaires ont été prises en vue de la réalisation de ce film. Lili Damita tournera Madame Julie, chez Radio. Elle vient de terminer chez M-G-M la version française de Let us be Gay, où le rôle de Kitty lui avait été confié. C est ce même rôle que Norma Shearer, dans la version américaine a interprété avec tant de charme, de légèreté et d émotion, secondée par Marie Dressler qui composa, auprès d elle un personnage amusant et bourru. Le rôle de Marie Dressler a été joué dans la version française par Françoise Rosay dont on a pu admirer le jeu énergique et sûr dans Si l'Empereur savait ça. Marcel André, Adolphe Me njou, Tania Fédor, Mona Goya et Roland Caillaux complétaient la distribution de la version française de Let us be Gay (Soyons Gais). Le « grandeur film » dont on avait tant parlé 1 an dernier ne semble pas avoir obtenu autant de succès qu'on en espérait. Fox en particulier qui s était lancé dans cette aventure avec le plus d'assurance n er a pas retiré grand profit. Jusqu ici sauf pour les scènes de plein air, le grandeur film disperse inutilement 1 attention. Les personnages manquent de relief, très peu de gros plans peuvent être utilisées, une impression de grisaille se dégage, on voudrait voir de la couleur. Bien que Billy the Kid, chez M-G-M ait également été fait sur un film de grande dimension, on parait peu disposé malgré tout à se servir de ce procédé que le public, fatigué déjà par trop de perfectionnements purement techniques accueille sans enthousiasme. Par contre, les films de plein air illustrant la période épique de la conquête de 1 ouest et la vie aventureuse des pionniers sévissent. Depuis le Big Trail, mis en scène par Raoul Walsh, et dont une version française ftt tournée chez Fox avec Jeanne Helbling et Gaston Glass, il y a eu Cimarron, un film fait chez Radio; Figthing Caravans, à Paramount avec Buddy Rogers ; Stampede, Billy the Kid réalisé par King Vidor; The Oregon Trail e'. The Great Meadov, où l'on retrouvera Eleanor Boardman. Ces films bien que quelquefois exagérément lents et trop volontairement documentaires comme le Big Trail, ou dépouillés de hardiesse brutale comme dans Billy the Kid, nous permettent cependant de revoir ces admirables scènes de plein air où nous retrouvons les grands espaces déserts, les horizons illimités et les longues chaînes de montagnes qui barrent l arrivée aux larges vallées de 1 ouest. 77