La Revue du Cinema (1931)

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Le Morocco de Sternberg va sans doute stimuler en France la critique qui ne manquera pas de signaler certains défauts immédiatement apparents d'ailleurs, de cette production Paramount, tels que l'inexactitude excessive des tableaux représentant la vie de garnison des Légionnaires au Maroc, la lenteur de développement d'une intrigue assez ténue, l'invraisemblance enfin d'une image-dénouement qui nous montre 1 héroïne retirant ses escarpins pour suivre pieds nus un détachement de troupes à travers le désert. Et pourtant Morocco est un beau film, étonnamment lumineux et fondu tout à la fois. Car Sternberg a obtenu de ses interprètes une souplesse si harmonieuse qu'ils cessent, au cours de cette histoire d'apparaître sous le fard de leurs personnages anciens auxquels nous étions habitués et dont il faut dire que nous étions fatigués parfois. Dans Morocco, ils sont neufs. Depuis Marlene Dietnch que ses admirateurs de l'Ange bleu ne reconnaîtront pas, n accepteront pas même tout de suite, Gary Cooper qui prend une rudesse, une âpreté bien plus spontanées et mordantes que dans ses anciens rôles, jusqu'à Adolphe Menjou qui change de peau à en être méconnaissable, utilisant tout son métier, sa finesse jusqu'à l'extrême sans toutefois user d'aucuns de ses trucs de séducteur de la simili-aristocratie parisienne. Le drame s'attache dès le prologue à révéler la fière Marlene Dietnch, artiste d'un caf'conc' colonial, que seul l'amour-passion pour le soldat Gary Cooper fera plier, au détriment de son bien-être et de l'immense fortune qu'un protecteur d'un dévouement tenace (Menjou) jette à ses pieds. Le jeu de cette héroïne remarquable dès le début au cours de la célèbre scène où elle chante son numéro au cabaret, offre peut-être à la longue un aspect plus monotone que celui (s'il faut absolument les comparer) de Greta Garbo. Marlene Dietrich aurait tendance à trop jouer de son immobilité émouvante. Toutefois elle parvient, durant les courtes scènes où elle se mesure avec l'homme qui est plus rude et aussi passionné qu elle, à donner un relief saisissant au drame. De plus la technique d'un Sternberg est plus statique, si l'on peut dire, que celle d'un Clarence Brown. Et c'est d'ailleurs l'un des éléments qui peuvent surprendre dans Morocco, ce manque de vivacité, ce rythme un peu mou qui paraît imposé par la cadence traînante de la valse Quand l'amour meurt, chantée par Marlene au cabaret. Mais à côté de cette tendance existe un sens pénétrant de ce qui se compose, sans heurts, même dans les scènes les plus brutales, un rare équilibre et par-dessus tout une sincérité absolue de présentation comme d'interprétation à laquelle on nous a peu habitués. Anne Mauclair 78