La Revue du Cinema (1931)

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des Iles de la Société. C'est probablement, de toutes ces gouttes de terre parsemées sur les eaux, la seule qui ait pu demeurer, autant qu'il est possible, à l'abri de la civilisation. Avant que notre petit yacht eût pénétré dans le port minuscule de Bora-Bora, il y a maintenant vingt mois, les naturels n'avaient encore jamais vu même un Kodak. J'avais l'intuition que les « Tabus » de ces îles pourraient constituer le thème de mon histoire. Un Tabu n'est autre que ce que le mot tabou signifie : une interdiction jetée non point par les hommes, mais par quelque pouvoir divin. Autour de cette idée nous avions tressé avec Robert J. Flaherty une intrigue sentimentale aussi simple que possible. Je savais que nous pouvions en faire un film saisissant, si nous avions la chance de rencontrer des acteurs vraiment capables d en vivre les événements. Où les trouver? Parmi le? indigènes et non chez les acteurs d Hollywood, bien entendu, parce que rien ne résiste au temps traversé par la volonté et parce qu'il nous fallait toucher des sommets d'intensité dramatique que bien peu d'acteurs auraient pu atteindre. Nous avions commencé par nous installer à Tahiti, avec notre équipement et notre état-major. De là, nous étions partis à la recherche des endroits les plus pittoresques et de leurs plus aimables habitants. Une croisière de trois mois nous promena autour de toutes les Iles de la Société dans le même petit yacht sur lequel nous avions déjà traversé le Pacifique. Il s'arrêta en bien des endroits avant de demeurer à Bora-Bora. Mais là je vis à 1 instant que je me trouvais en présence de « mon île ». C est une pierre précieuse au milieu de la mer immense. L atoll n a que quelques kilomètres de circonférence et j'en fis le tour à pied en sept heures. Sa population ne dépasse pas 1 .200 habitants. Les indigènes n'y connaissent presque rien du monde extérieur. Ils y vivent sans pudeur un jeu perpétuel. Je fus frappé par leur blancheur. Ce sont de purs Polynésiens sans trace de mélange. Leurs cheveux sont lisses et bouclés, leur peau aussi peu colorée que le permettent des conditions d'existence qui aboutissent à une nudité presque complète sous le soleil tropical. En outre ils comptent parmi les plus beaux et les plus courageux des habitants qui peuplent les lies de la Société. Avant que les Français n'y pénétrassent, Bora-Bora était le centre d'un petit royaume d'îlots, parce que sa population était la plus crainte, la plus parfaite physiquement et comptait les meilleurs guerriers des alentours. Pendant que nous cherchions Bora-Bora, nous faisions des essais avec des douzaines de jeunes Polynésiennes afin d'en trouver une à qui nous pussions confier le principal rôle. Je trouvai de grandes beautés, des beautés qui me surprirent, mais on en comptait bien peu qui fussent capables de paraître devant l'appareil de prise de vues. Puis à Bora-Bora, nous entendîmes parler de Rén, une véritable fille des Iles, dont tout le monde louait le charme et la modestie. Mais elle se trouvait précisément dans un autre atoll, de telle façon qu il nous fallut attendre son retour. De même qu'à première vue j'avais su que je me trouvais en présence de « mon » île, de même j'avais découvert mon étoile aussitôt que j'aperçus Rén. Elle n'avait que seize ans, mais possédait un type exquis de beauté juvénile. Jamais auparavant je n'avais vu d'aussi beaux traits, un aussi joli teint et par-dessus tout d'aussi admirables dents. Sa peau est une olive douce. C'est une aussi belle femme 4