La Revue du Cinema (1931)

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< Western Electric ». Ils produisirent « Chanteur de Jazz ». Ils étaient à la veille de la faillite — une petite firme, Zukor aurait pu l'acheter sans tergiverser et maintenant, voilà que les « Warner brothers » se mettent à rivaliser avec la « Paramount ». Ils contrôlent la « First National ». Ils raflent les salles. Et tout cela après un seul film ! Stupide d'ailleurs ce film ! On veut qu'un petit Juif soit rabbin, et lui, résiste; croiriez-vous qu'il veut être artiste... Une minute Adolph Zukor oublie ce qui l'entoure. Il ne regarde plus les pages de chiffres — ces trophées des « Warner brothers ». Il voit une chandelle jaune, les subtiles arabesques du Talmud, et la main desséchée du rabbi. Ce n'est pas le scénario d'un nouveau film parlant, ce ne sont que des souvenirs. Sous la coupole de verre, le travail ne connaît pas de relâche .Tout homme a le droit de se rappeler son enfance, fût-ce un homme aussi préoccupé que Mr. Zukor. C est qu il n'est pas né sous la coupole de verre, il est né loin de là, parmi les Juifs pieux et les oies cacardantes, au milieu des champs misérables et de la sagesse divine, dans une petite bourgade hongroise qui s'appelle Riscé. En ce temps-là, on ne connaissait pas encore, en ce monde, les magiques bandes de celluloïd qui apportent aux hommes l'espérance et les revenus. Les Juifs pieux s en tenaient alors aux bons vieux usages. L'oncle du petit Adolphe, M. Lieberman, occupait de hautes fonctions, il était Président de la Communauté. Il désirait que son neveu suscitât l'Espérance chez les hommes; en d'autres termes, il voulait faire de lui un rabbin. On mit Adolph au Talmud. Il apprit quelle est la viande qu un bon Juif peut manger, et en quel temps celui-ci peut connaître sa femme légitime. Il pensait aux coupables Gentils et à Jéovah vengeur. Alentour s'agitaient les Gentils, c'est-à-dire les Hongrois; ils buvaient de l'eau-de-vie de prune, chantaient des chansons nostalgiques et égorgeaient des cochons ankylosés de graisse. Adolph répétait les mots remplis de l'Unique Sagesse : « Tantôt soufflant vers le sud, ensuite passant au nord, le vent tourne, tourne sans cesse, et revient éternellement sur les cercles qu'il a déjà tracés. » La chandelle clignotait tristement. Derrière la fenêtre les oies cacardaient. On était hors du temps et des vanités. Il y a longtemps, bien longtemps de cela — quarante ans depuis ont passé. Adolph avait alors les joues pleines et des papillotes rêveuses. Mais à quoi bon songer au passé — Zukor est trop occupé. Lorsqu'il se repose, ou il joue au bridge, ou son coup de raquette renvoie la balle, ou d'un pas alerte il arpente le hnk. En ce moment, il travaille. Le succès des « Warner brothers » n'aura qu'un temps. Ils ne viendront jamais à bout de Paramount. Ainsi donc, au travail ! En Angleterre nous avons : la « Plazza » et le « Carlton » à Londres, le « Royal » à Manchester, le <' Futunst » et la « Scala » à Birmingham... Sous la coupole de verre, le travail ne connaît pas de relâche. 2 La biographie d'Adolph Zukor est bien plus édifiante que le scénario du Chanteur de Jazz. Le petit bonhomme ne resta pas longtemps à rouler ses papillotes et à écouter le cri des oies — il n'était pas fait pour les hésitations abstraites. Plus qu'à toutes les considérations sur la vanité du vent, il s'intéressait à la règle des intérêts et au globe terrestre. Le rabbi ne comprenait rien à 1 escompte des traites, et le rabbi croyait que la terre restait en place. La petite ville avait un maître d'école : M. Rosenberg. Il expliqua à Adolph que la terre tourne. Adolph cessa alors d'étudier les paraboles du Talmud. Il se mit à lire des romans. Il lisait 8