La Revue du Cinema (1931)

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il donna à Goldstein ses 3.000 dollars. L'entreprenant Goldstein ne tarda pas à faire faillite; en fait de dollars, Zukor eut le « Passage » et ses quelques attractions s'upides. Zukor ne se désola pas. Il abandonna la fourrure et se mit aux photos animées. Son affaire prit bientôt plus d extension. Il acheta quelques autres « Passages » et des « Haie s touring cars » dans lesquels les badauds venaient voir les cascades des montagnes. Cinq heures du matin. Après une nuit de travail, Zukor revient chez lui. Le métro. Dans le wagon, les ombres oscillent tristement, les ombres lugubres de l'énorme ville — serveurs de restaurants de nuit, ouvriers, prostituées n'ayant pas trouvé de clientèle, plèbe condamnée à végéter éternellement. Zukor, au même rythme que les autres, oscille tristement. Soudain, un sourire passe sur son visage, ses yeux s ouvrent, grandissent, deviennent extravagants. Son voisin change de place craintivement. Mais Zukor ne s occupe pas de ses stupides compagnons de voyage. Il a laissé passer sa station, il ne voit rien, ne se rappelle rien. Il avait bien raison de toujours dire qu'au fond du cœur, Adolph Zukor n'était pas commerçant mais artiste. L'inspiration, maintenant, l'a visité : « Je ferai des « films » avec les acteurs les plus célèbres !... » — Vite, dites-moi quel est l'acteur le plus célèbre? Les ombres se taisent. Le fracas des roues reste imperturbable. Ah, mais oui, bien sûr, cette Française... voyons, comment s'appelle-t-elle donc?... Il se rappelle — Sarah Bernhardt. Qui ne connaît ce nom? Il n'est pas jusqu au Président de la Communauté qui n'ait dû lui aussi entendre parler de Sarah Bernhardt. L'avenir est assuré. Maintenant, tout dépend d'une chose : il faut trouver des dollars. Il y a longtemps de cela — les femmes portaient encore d encombrants corsets et les socialistes étaient encore de nobles rêveurs. Le Dix-Neuvième Siècle avec ses vaudevilles et ses calembours refusait longuement de mourir. Le jour, il se cachait craintivement — le jour, des machines compliquées bourdonnaient sur un ton malveillant; dans les rues, les trompes d automobiles l'assourdissaient. La vie nouvelle faisait la grossière, avec un air content d'elle-même. A l'usine Ford, rampait la célèbre chaîne. Le Niagara dompté se mit à distribuer les kilowatts et l'esclavage. A Philadelphie, on construisait de puissantes locomotives pour le Canada et 1 Australie. A Philadelphie, comme dans toutes les villes du monde, les hommes vivaient dans la précipitation. Parfois, ils regardaient le ciel : les premiers aéroplanes s y faisaient voir. Mais plus souvent ils regardaient la terre — gagner son pain était de plus en plus difficile. Les autobus apparurent, les suicides devinrent plus fréquents. Désemparés, les professeurs expliquaient à leurs élèves ce qu étaient les trusts. Dans la République, il y eut une bonne centaine de rois : le roi du pétrole, le roi de l'acier, le roi du cuivre, le roi du coton. L'ère de la démocratie véritable était venue : on mit le tourneur sur le même plan que le manœuvre — ce fut l'œuvre de la machine. Des rêveurs outrés lançaient des bombes, sur les bourgeois, sur la police, ou simplement sur les passants. La société Edison désirant faire tomber la société Westinghouse proposa d'utiliser le courant à haute tension pour le châtiment des criminels, c est ainsi que la vulgaire corde fut remplacée par la chaise électrique. La croissance du Grand-Livre fut rapide, celle du désespoir plus rapide encore. Mais dans la soirée, s enveloppant d'une brume bleuâtre, le siècle passé se risquait en public. Les lampes, au-dessus des tables rondes, brûlaient encore, douces et intimes, les femmes essayaient de se plonger dans la lecture de romans sentimentaux et les enfants jouaient aux dominos ou aux jonchets. Les théâtres mon 10