La Revue du Cinema (1931)

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Auparavant : Folie de l'Europe ! Demain, les Américains y seront. Nous n'y pouvons rien, nous défendons nos grands idéaux ! Le Président Wilson prononce un nouveau discours sur la liberté des petites nations et sur les souffrances des femmes innocentes noyées, on le sait, par les barbares. Au vingtième étage, à Chicago ou à Philadelphie, une femme américaine cache ses yeux pleins de larmes : c'est hier qu'elle a reconduit son John. La Bourse néanmoins conserve toute sa sérénité, la Bourse croit aux commandes, aux bénéfices, à la victoire, à la civilisation. La Bourse croit, la nation croit, le monde croit. Pour l'instant, Adolph Zukor ne pense pas à la victoire. Il est sombre. C'est bien d'être un Yankee cent pour cent, mais Zukor a deux patries, sans compter la troisième — la Terre Promise. Jusqu à ces derniers jours, il a envoyé à son oncle le Président de la Communauté de solides dollars américains pour les parents et pour les coreligionnaires. Maintenant on a fait deux parts de sa famille : les uns se battent pour la Monarchie dualiste, les au'ie; pour les quatorze points Wilson. Zukor est le chef, c'est lui qui préside toujours les conseils de famille où se décident les affaires des Zukor, des Kaufmann et des Kohn. L oncle Kaufmann est architecte, il construit des salles, 1 oncle Kohn s'occupe de la distribution des films, tous sont liés à Adolph Zukor par le sang et les actions de la Paramount. La victoire?... Certes Zukor est un Américain patriote; il était miséreux quand il est arrivé ici, maintenant il est millionnaire, le sentiment de la reconnaissance vit en lui. Mais pourquoi tuer les gens? Qui a besoin de cette victoire? Vraiment, sans victoire, les gens faisaient-ils mal leurs affaires?... Malgré lui, Zukor se rappelle 1 assommante histoire du vent, de ce vent qui revient sur les cercles qu'il a déjà tracés. Oui, la guerre est un grand malheur, tout le monde le comprend. Mais la guerre est aussi une bonne affaire et non pas seulement pour les industriels qui fabriquent des munitions. La guerre est une bonne afa re pour tous les gens sensés. Quatre millions de soldats, comment les distraire sinon avec des films amusants... Le cinéma n'est déjà plus une innovation discutable, ce n est plus une baraque de foire pour les bonnes et les enfants, c'est une nécessité sociale comme la poste ou les cigarettes. Sur les bateaux, en même temps que des canons et des boîtes de conserves on charge de fragiles bandes de celluloïd. Lorsqu'ils ont vu l'innocent sourire de la favorite de Zukor, la ravissante Mary, les soldats meurent d un cœur léger. Ils meurent bien entendu pour les grands idéaux. Ceux qui sont restés au pays attendent la victoire. Néanmoins, il est difficile de combler par l'attente les heures de loisir. Comme toujours les feuilles des journaux sentent l'encre d'imprimerie, mais l'imagination alarmée distingue d'autres odeurs : l'odeur du sang, de la charogne, des excréments — 1 odeur de la guerre. Ceux qui sont restés au pays ne se sentent pas à l aise. Dans la journée, ils s enrichissent, mais le soir, ils sont pris d'effroi et, comme dans une tranchée, ils se glissent dans les salles obscures. Sur l'écran : une vie gaie et attrayante, sans communiqué, sans froissement de journaux, sans oreille tendue — on dirait que c est le facteur... Zukor ne veut pas monter de films de guerre : l'illusion est nécessaire aux hommes. Pourquoi faire voir la guerre quand elle est là, à portée de la main. La « Métro Goldwyn » fait sûrement une bêtise avec ses films de batailles. Ce Goldwyn, ou plus simplement, ce Goldfisch n'a pas de nez. Zukor fera des films de guerre, mais pas maintenant, plus tard, quand la guerre sera finie. Les États-Unis font la guerre à l'Allemagne. Zukor fait la guerre à la « First National ». Il fait également la guerre aux acteurs : croiriez-vous que les acteurs 13